Cette couleur sied à ton teint, rassure toi...

Marius rajusta son sac sur son épaule tout en faisant un petit signe de main à une jolie poufsouffle d’un année ou deux sa cadette qui passait en sens inverse. Elle était blonde et sous son corsage adolescent se devinait une poitrine juvénile qui prenait de l’importance, puberté oblige. Ses pommettes étaient parsemées de tâches de rousseurs discrètes et par-dessus son petit nez en trompette, deux yeux d’un vert vif et pétillant observait les élèves qui croisaient son chemin.

Le regard de l’adolescent fut lui-même attiré par la belle, suivant la démarche légère et la longueur de jambes avec un sourire amusé. On était au printemps après tout, rien ne l’empêchait sans doute de laisser son regard traîner sur les bourgeons de fleurs qui venaient à éclore…

La blonde, se sentant peut être épiée, tourna la tête dans sa direction et Marius sentit ses joues rosir légèrement avant de se retourner. Non, il n’irait sans aucun doute pas lui parler… Ni lui dire qu’elle était jolie… Ni lui demander son prénom… Ni… Bref, on avait comprit l’idée : il se contenterait de toucher du regard.

Il fallait bien admettre que Poudlard, ces dernières années, s’était révélé particulièrement prolifique pour ce qui était des beaux minois. Et les filles n’avaient pas l’exclusivité, pour sûr… Il traînait dans les couloirs de l’école quelques beaux morceaux qui faisaient soupirer bon nombre de filles. Allures sportives, smart, bad boys… Il y en avait probablement pour tous les goûts.

Et cette atmosphère cotonneuse qui s’était prise de certains élèves, les amenant à rougir ou se déclarer était au goût du poufsouffle même si dans son cas, c’était plutôt un désert absolu. Mais il ne se plaignait pas. Marius avait eu un bref béguin pendant les vacances d’été de l’année passée et peut être même qu’il la reverrait cet été, pourquoi pas ?

C’était une jeune moldue, une anglaise aux cheveux bruns et court, yeux noisette, lèvres pleines. Elle avait été son premier baiser et même ses premières caresses bien que superficielles. Hélas, au moment de se quitter pour rejoindre Poudlard et elle sa propre école, il avait semblé clair que les amours de vacances restaient comme ce sable qu’on mettait en bouteille : un souvenir réconfortant… Mais un souvenir seulement.

En tout cas, ce souvenir là lui évitait bien de se sentir trop seul. Marius avait retrouvé ses camarades de classe et ceux qu’il s’était fait ailleurs. Il avait également retrouvé ses « adversaires » de débat favoris… Plus quelques mésaventures finalement… Souvent avec des serpentards, mais pas seulement.

Dur de se faire une petite place tranquille quand on prônait ouvertement l’égalité du sang n’est ce pas ? Et il n’avait pas l’importance ni la réputation d’un maraudeur lui. Quoi que cette réputation finalement, il ne la leur enviait pas. A aucun d’entre eux. Il trouvait cette dernière légèrement surfaite et puis lui parlait d’égalité en étant sang mêlé, ça représentait tout un symbole pour lui. Mais bref…

L’étudiant bifurqua dans un couloir et en longea un autre sur quelques mètres avant de trouver ce qu’il cherchait : la salle des trophées.

L’endroit était souvent plus ou moins dénigré et laissé à l’abandon. Les visiteurs les plus habituels étaient généralement ceux qui avaient prit une sanction et qui se retrouvaient là pour la dépoussiérer. Ambiance garantie…

La main de Marius se posa sur la poignée de la porte et en poussa le panneau, y mettant juste assez de force puisqu’elle avait un peu bloquée dans ses gonds. Sans doute un effet de l’humidité. Le concierge viendrait probablement régler ce problème… Qui n’en était qu’une moitié compte tenu de l’attraction de la pièce.

En tout cas, comme prévu, cette dernière était vide et en deux temps trois mouvements, Marius avait posé son sac sur une table massive au fond de celle-ci. D’une main, il défit sa cape avant de la retirer, la posant assez négligemment à côté de lui pour se reconcentrer sur son sac justement.

La fermeture fut rapidement ouverte et le jeune homme sortit un vieux volume. Un que ses parents lui avaient offert pour son anniversaire deux ans au par avant. D’ailleurs, ils avaient promit de lui en offrir un autre qui le faisait mourir d’envie en juin prochain. Et attention, une édition écrite à la main par l’auteur lui-même s’il vous plaît ! Il n’y en avait de part le monde qu’une vingtaine d’exemplaire encore en circulation. Un livre beaucoup plus précieux donc que celui qu’il tenait actuellement… Un livre également qu’il n’amènerait probablement jamais à Poudlard quand il l’aurait…

Quoi que… Saurait il seulement résister à la tentation ?

L’adolescent hausse les épaules, comme se répondant tout seul à son questionnement intérieur. Ses mains viennent chercher le marque-page coincée au milieu des pages et ses yeux suivent rapidement les quelques indications écrites. Il sort ensuite un parchemin gribouillé de partout et après l’avoir retourner dans tous les sens une petite minute, il a un petit « ha ! » satisfait.

C’était là qu’il avait fait des annotations pour cette mixture-ci.

Laquelle ? Celle qu’il avait encore dans le fond de son sac pardi !

Marius sort enfin une petite boîte en fer qu’il ouvre avec précaution. Se tien à l’intérieur quelques petites fioles soigneusement coincées dans un rembourrage un peu carbonisé par endroit.

L’une des fioles est d’une belle teinte vermeille. Quelques bulles pétillent à l’intérieur et pas besoin de la décapuchonner pour sentir déjà l’odeur sucré de sirop d’érable qui s’en échappe. D’autant plus étonnant que de sirop d’érable justement, il n’y avait pas une seule goutte dans ce breuvage…

La seconde est d’un bleu-vert douteux et le contenant semble un peu pâteux, comme une pâte à gâteau arrivé à péremption et dont la moisissure avait fait son œuvre… Beurk…

La dernière enfin, contenait pour sa part des sortes de petits cristaux multicolores. Il avait oublié le nom exacte mais il s’agissait là de petits cristaux que les nains des montagnes retiraient de leurs mines.

Ho… Rien d’onéreux du tout… En fait, on pouvait acheter ce genre de cristaux pour une bouchée de pain. Fallait juste attendre certaines périodes. Celle où les nains venaient justement vendre leur marchandise.

Ces cristaux avaient plusieurs propriété selon avec quoi ils étaient mélangés mais seul, ils avaient juste… Une jolie couleur… On aurait dit des perles couleurs lavande, jaune pâle, rose bonbon… Ou encore bleu indigo, rouge grenat et vert pomme…

Bref…

Un petit regard sur sa montre suffit à mettre Marius en alerte ! Cette décoction, il la préparait depuis trois mois et demi, rien que ça ! Et elle demandait une extrême minutie !

A quoi est ce qu’elle allait lui servir ? Le livre parlait d’une potion qui faisait devenir les liquides, quels qu’ils soient, en poudre. Mais il redevenait liquide au contacte de plus de liquide ! Pas que l’intérêt en soit soit débordant… Mais Marius ne le faisait pas tant par esprit pratique que par goût de tester.

Et les cristaux, eux, ne faisaient pas partit du plan. Seulement Marius, après mûre réflexion, s’était dit que peut être, à cette étape de la potion, il pouvait en ajouter, voir un peu ce que cela donnerait. Pas avant car elle était trop instable… Pas après parce que le composant chimique et magique aurait déjà opéré et qu’il entrait dans sa phase de stabilisation.

Non vraiment, maintenant était parfait.

Ni une ni deux, Marius décapuchonne la première fiole, celle au goût sucré, puis la seconde, la douteuse et il compte les goûtes de la première qu’il verse dans la seconde. Il s’arrête, fixe sa montre, compte cette fois les secondes puis reprend. A nouveau il fait une pause, attendant qu’il soit 15h tout pile et il verse quelques gouttes de plus.

Enfin il remet le bouchon sur la fiole rouge, la repose dans la boîte et récupère les cristaux. Il ouvre le flacon et le penche doucement, ses yeux bleus pétillants de curiosité.

La porte s’ouvre dans son dos, il entend quelques pas mais il reste fixé résolument à son travail.

Le premier cristal tombe… Puis un autre… Et un troisième… Puis quatre…

Et c’est la catastrophe ! Une mousse vaporeuse s’échappe façon geyser à plusieurs reprises du petit contenant. Une gerbe rose par ci, une bleu par là… Ho ! Une jolie gerbe de mousse couleur lavande !

Elle avait une odeur de sirop d’érable qui prenait à la gorge à se tenir si prêt du flacon et finalement, dans un petit cri paniqué, Marius vient replacer un bouchon sur la fiole. Il se retourne rapidement pour aviser l’autre étudiant qui venait d’assister au massacre d’une potion qui avait demandé tant de temps et de travail et reconnaît rapidement un serpentard de sa connaissance. Un de ceux avec lesquels il pouvait encore bien discuté mais qui n’apprécierait peut être pas la grande ligne mousseuse d’un vert pomme qui lui avait atterrit pour moitié dans les cheveux et pour moitié sur l’épaule…

Oups…

- Vois le bon côté des choses… Au moins, c’est ta couleur…