Si seulement les étoiles pouvaient parler... [Nao'] Terminé

Il était à peine 20 heures, heure où la plupart des élèves quittaient la Grande Salle après leur dîner pour rejoindre leur salle commune, ou profiter du temps qu'il leur reste pour s'amuser entre amis, avant de se séparer à l'heure du couvre-feu. Maureen ne faisait ni l'un ni l'autre. Après manger, elle aimait se balader un peu dans le château, flâner. Ce soir-là, elle se retrouva bien vite au sixième étage, juste devant l'entrée de la volière. La brune sourit. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas écrit à sa famille. Elle fouilla dans son sac et mit la main sur une plume, un encrier et un parchemin vierge.

La serdaigle s'installa sur le rebord de la fenêtre d'où elle pouvait voir tout le parc et l'immensité de la forêt interdite. C'était beau à voir, sous le coucher de Soleil qui teintait le ciel d'une couleur orangée. Les nuages parsemaient le ciel de gris cependant, et de fines gouttes tombaient de-ci de-là devant Maureen. La jeune fille tendit le bras pour recueillir quelques gouttes d'eau fraîche. Elle aurait aimé être en-dessous, elle adorait être mouillée par les gouttes de pluie, la sensation de fraîcheur sur sa peau brulante. Elle devra se contenter d'un bras ce soir. Elle le retira du dehors et l'essuya sur sa cape de sorcière et prit son parchemin sur les genoux pour commencer à écrire.

Qu'allait-elle bien pouvoir raconter à ses parents et à son grand frère ? Qu'elle avait été trompée par garçon qu'elle leur avait décrit comme parfait ? Qu'elle s'était voilée la face comme une idiote ? C'était ridicule, ça semblait si irréel dans la tête de la jeune fille. Pourtant, il fallait bien qu'elle leur dise. Elle essaya de ne pas imaginer la réaction de son grand frère, et voyait déjà sa mère essayer de la réconforter, comme elle le fait tout le temps. Elle la prendrait dans ses bras dès qu'elles se reverraient, lui caresserait les cheveux et la bercera tout en lui murmurant des mots doux. Son père, lui se mettra surement en colère, pestera contre celui qui a osé faire du mal à sa fille, et elle essayera de le retenir d'envoyer un hibou aux parents du garçon.

Mais elle n'avait rien à dire d'autre. Ses cours, elle ne voyait rien de spécial à raconter. Elle avait des bonnes notes, comme toujours, et avait fait explosé une potion en cours. Pourtant, elle avait bien veillé à respecter les proportions, mais elle avait involontairement fait volé une plume de Jobberknoll en trop dans son chaudron. C'était un accident qui arrivait assez souvent avec elle, qui était plutôt maladroite, mais sa partenaire était malade et avait peur d'éternuer dans la mixture. Le professeur n'avait pas vraiment aimé se retrouvé couvert d'une couche de solution violette gluante et avait retiré plusieurs points à Serdaigle.

Non, elle n'allait pas dire ça, c'est ce qui se passait tous les jours. Non, elle allait raconter quelque chose qui ne lui arrivait pas tout le temps. Elle se demandait juste quoi. C'est alors qu'elle repensa à Naomy. Certes, elles n'avaient pas beaucoup parlées, mais elle sentait que c'était une jeune fille assez sympathique et qui lui ressemblait beaucoup. Elle commença par écrire comment elle a sut pour Jesse, parce qu'il fallait bien le dire, puis elle dédramatisa la situation en racontant comment elle avait rencontré une jeune fille qui semblait ne pas être très différente d'elle.

La lettre fut vite terminée. Elle était courte, mais Maureen n'avait rien d'autre à dire. Elle avait demandé des nouvelles de la maison, mais c'était tout. Elle enroula le parchemin sur lui-même, le fixa avec une petite cordelette et l'attacha au premier hibou de Poudlard qui passait. Bien maintenant que c'était fait, elle se demandait quoi faire. Elle n'avait passé qu'une demie-heure à écrire et il lui restait jusqu'à minuit pour retourner dans son dortoir si les préfets ne passaient pas par là. Elle irait se coucher en même temps que les élèves d'astronomie. En attendant, elle regarda le ciel s'assombrir. On voyait déjà quelques étoiles, parmi les nuages. C'était un beau spectacle.

Et dire que les centaures lisaient dans le ciel l'avenir. Si seulement les étoiles pouvaient parler, elle leur demanderait ce qu'elles voient pour elle. Elle voulait savoir ce que lui réservait son avenir pour faire les bons choix, se sentir rassurée. Elle ne voulait pas faire de bêtises, pas encore. Et pourtant, en ce moment, son esprit était brouillé. Elle ne savait plus quoi faire.

La jeune fille soupira et tourna le dos à la porte pour passer ses jambes par dessus la fenêtre. Elle ne risquait rien, elle s'accrochait à la petite barrière de fer. Elle caressa la tête d'un hibou qui passait par là, lui donna une friandise, qu'elle avait toujours sur elle, et elle se mit à rêvasser en regardant le Soleil sombrer. C'était calme, trop calme. Assez calme pour qu'elle entende des pas dans les escaliers et se retourne pour voir qui arrivait.

Naomy venait de terminer de dîner dans la grande salle. Que dis-je, dîner ? se goinfrer plutôt. Elle avait cette capacité de pouvoir manger n'importe quoi n'importe quand sans jamais prendre ne serait-ce qu'un gramme. Ce qui avait parfois le don de faire enrager certaines personnes. Elle avait absolument tenu à goûter les différents plats qui s'offrait à elle, ce soir là, et ce n'était pas peu dire. Pour digérer, elle décida d'aller faire une promenade à travers le château. Elle espérait y trouver Mousse, son chat gris aux yeux émeraudes. Elle ne l'avait pas vu depuis assez longtemps, et elle commençais d'ailleurs à s'inquiéter un peu. Une vraie chatastrophe, ce félin. il avait la sale manie de se rendre à la volière. Non pas pour envoyer une lettre, non, loin de là. Mais plutôt pour venir y admirer les postiers. Postiers parfois bien plus gros que lui. Cela rappela à Naomy la lettre de sa mère et de son beau-père qu'elle avait reçu ce matin. le couple allait bien, et donnait un peu de ses nouvelles dans le monde des moldus. Comme ils pouvaient lui manquer...Naomy aborda un sourire triste peint sur le visage. Elle avait tellement hâte de les revoir.

Naomy voulait leur répondre, mais elle hésitait. Ici il n'y avait rien d'anormal. Enfin, presque rien. Depuis sa rencontre avec Maureen, Naomy s'étonnait à penser de plus en plus à elle. Lorsqu'elles s'étaient séparées, Naomy avait relu son conte un fois. Puis deux. Puis finalement trois. Et au fur et à mesure qu'elle le relisait encore et encore, elle ne se rendit compte que bien tard, qu'elle avait identifier les deux personnages principaux, comme Maureen et elle même. Maureen, la belle jeune fille aux yeux bleus, qui venait secourir la terrible bête, qui paraissait sans coeur à l'extérieur, mais qui était plus douce qu'un agneau, à l'intérieur. Naomy repensait bien souvent à ses iris azur. Peut être un peu trop souvent d'ailleurs, car l'image qu'elle avait en tête de ces magnifiques prunelles commençait à s'effacer. Quoi de plus normal après tout ? Elle n'avait eu le privilège que de pouvoir les observer seulement quelques minutes...Elle ne l'avait pas recroisée depuis, ni même entrevue dans un couloir ou la grande salle. Naomy espérait que Maureen allait mieux depuis leur rencontre. Même si ce genre de chose ne s'oubliait pas en deux jours, avec le temps, la douleur rétrécit toujours. Mais elle ne disparaît jamais. Naomy en sait quelque chose.

Bien décidée à vider son sac, elle écrit une lettre à ses parents pour leurs dire que tout allait bien. Et elle en écrivit une deuxième juste pour son beau-père. Naomy se posait des questions. Ce n'était pas normal qu'elle pense sans arrêt à Maureen. Elle savait que si elle en parlait à sa mère, elle serait obligatoirement de son coté. Elle était tellement protectrice envers elle. Son beau-père, lui, donnait toujours un avis franc lorsque Naomy le lui demandait. Alors juste pour cette fois, elle n'en parlerai pas à sa mère, juste cette fois. Naomy prit une plume qui traînait dans un de ses livres, et écrivit les deux lettres. La première fut vite terminée. La deuxième, elle, prit plus de temps. En tout cas, lorsque Naomy termina, plusieurs élèves sortaient déjà de la grande salle. Le repas devait donc être terminé. Elle monta en direction de la volière, tout en regardant le paysage, et en cherchant cette calamité de Mousse.

Alors qu'elle arrivait aux marches menant au lieu voulut, elle relit la deuxième lettre, ou plutôt, roman, qu'elle avait écrit. Elle entra dans la volière, et tendit l'oreille, sans relever la tête, afin de savoir s'il y avait quelqu'un d'autre. Le silence régnait dans la pièce, et Naomy pouvait même entendre le bruit de ses pas sur le sol. Il faisait un peu humide. Naomy n'avait pas pensé à prendre sa cape. Un frisson lui parcouru le dos, et elle se frictionna quelque peu les bras, dans le vain espoir de se réchauffer un peu. une fois qu'elle eu terminé de relire les lettres, elle vit deux hiboux près des fenêtres, tout deux prêts à décoller. Elle s'approcha alors d'eux, et leurs donna les dit lettres. Elle les regarda s'envoler au loin, puis Naomy regarda un peu le paysage. Comme c'était beau, pensa-t-elle. On pouvait voir quelques étoiles apparaitrent au loin. Naomy sourit doucement à la vue de ce spectacle. Elle serait bien restée plus longtemps, mais ses mains, déjà froides d'ordinaires, commençaient à crier grâce qu'on les réchauffe un peu. Elle les camoufla alors dans les longues manches de son petit pull, et réprima un autre frisson. Je pourrais toujours regarder les étoiles de ma fenêtre, au chaud, se dit-elle.

Et pourtant, elle ne voulait décidément pas partir. Elle repensa aux deniers jours. Elle repensa à Maureen. Où pouvait-elle bien être en ce moment ? que faisait-elle ? Est-ce qu'elle allait mieux ? Naomy, et son esprit inondé de questions et hantée par Maureen, n'entendit pas les pas d'une personne se diriger vers elle. Elle ne senti pas la délicieuse odeur de la personne en question, son nez avait bien trop froid pour faire quoi que ce soit. Mais lorsqu'elle sentit une légère pression sur son épaule, elle sursauta et se retourna immédiatement. la main sur le coeur, elle fut bien plus qu'étonnée quand elle vit que la cause d'une telle frayeur n'était autre que la belle et douce Maureen, son sourire angélique, et ses yeux océans, juste devant elle. Naomy rougit légèrement, mais fut tout de même bien heureuse de revoir enfin Maureen. Elle lui adressa un sourire, franc et sincère, et réalisa à quel point son regard lui avait manqué.

Alors qu'elle s'était retournée, Maureen vit une tête brune apparaitre dans l'encadrement de la porte en pierre qui marquait l'entrée de la volière. La jeune fille était en train de lire une lettre, certainement une lettre qu'elle voulait envoyer. C'était donc pour cela qu'elle était ici, dans la volière. La sixième année passa ses jambes vers l'intérieur de la pièce et regarda la jeune fille se diriger vers la fenêtre à l'opposé de la sienne. Elle lui tournait le dos à présent et Maureen attendit là, figée, comme si elle ne voulait pas qu'on la voit. Pourtant, elle avait envie de manifester sa présence, mais elle avait peur de déranger la jeune fille. Et puis, la dernière fois qu'elles s'étaient vu, et notamment la première fois, elle avait disparu d'un instant à l'autre, sans réellement prévenir. Elle savait que ça ne se faisait pas, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher. Elle avait vu Jesse et il était alors trop tôt pour qu'elle le voit... Même si maintenant, lorsqu'elle le croisait, elle lui lançait un regard noir. Elle n'était pas prête d'oublier tout le mal qu'il lui avait fait, mais elle essayait de relativiser. Après tout, elle n'avait que 16 ans (et toutes ses dents...) et puis, elle n'avait pas vécut le quart de ce qu'elle avait à vivre, elle n'allait tout de même pas se laisser mourir pour lui !

De toute manière, en ce moment précis, la seule personne qui occupait l'esprit de Maureen, c'était Naomy. La serdaigle ne savait pas pourquoi, mais elle ne voulait pas faire de bruit. Elle retenait même son souffle. Elle restait là, figée, à regarder la jeune fille se frictionner le bras et se diriger vers la fenêtre. Là, deux oiseaux au plumage majestueux attendaient qu'on leur donne de quoi se dégourdir les ailes. Ils furent servis ! La poufsouffle leur accrocha un parchemin à toutes deux. C'était du moins ce qu'il semblait à Maureen qui voyait l'action de dos. Elle observa les longs cheveux bruns de la jeune fille au clair de lune, lune qui commençait à briller d'une lueur claire. Elle reflétait sur la chevelure de Naomy, la rendant étrangement brillante.

Bien que les deux messagers étaient partis au loin, vers leur destinataire respectif, la jeune fille restait là, frissonnant, à contempler la nuit tombante. Maureen reprit ses esprits. C'était malsain d'observer quelqu'un sans que cette personne ne le sache. C'était de l'espionnage ?! Non en fait, pas tout à fait, mais c'était tout comme. C'était du moins ce que pourrait penser la poufsouffle si elle se retournait et tombait nez à nez avec la serdaigle. Elle pourrait même croire qu'elle l'a suivi, elle pourrait s'enfuir, apeurée, penser qu'elle est folle, qu'elle la harcèle. Or, ce n'était pas le but de Maureen et se sentait déjà désolée d'avoir observé aussi longtemps sans avoir manifesté sa présence. Elle se sermonna elle-même de ne pas avoir réagit tout de suite après qu'elle l'ait aperçut !

Alors elle fit ce qui lui semblait être le plus pertinent. Elle s'avança doucement, dans un bruit furtif de cape en mouvement, une bruissement de tissu. Elle ne savait même pas si l'autre fille s'en était aperçut que quelqu'un arrivait derrière elle. Elle semblait absorbée par la vue que lui offrait l'ouverture de la volière. Il faut dire que, de ce côté-ci aussi, c'était magnifique. La brune aux yeux bleus approcha doucement sa main de l'épaule de sa camarade qui sursauta, la faisant sursauter par le même coup, et qui se retourna pour voir qui l'avait dérangé.

Maureen retira vite sa main de l'épaule de Naomy, elle savait qu'elle n'aimait pas les contacts physiques. Ce petit détail lui remémora leur première rencontre. Elle avait été si odieuse ! Il fallait qu'elle se rattrape ! Elle fut désolée en voyant qu'elle avait fait peur à la belle mais fut vite soulagée par un sourire sincère. Elle soupira et se confondit en excuses.

- Excuse-moi, je t'ai fait peur mais ce n'était pas mon intention au contraire ! Pardonne-moi !

Et voilà, l'ancienne Maureen revenait à l'assaut ! Pourtant, elle avait essayé ces derniers jours de durcir son coeur. Elle avait fait semblant de ne pas voir Sarah et Stacy à peu près tous les jours, avait bousculé une dizaine de personnes sans se retourner pour s'excuser, avait lancé des regards noirs à tous ceux ou toutes celles qui osaient s'approcher d'un peu trop près d'elle et avait même lancé un sort pour dégager une première année de son chemin. Elle avait saccagé les toilettes des filles, avait mis sans dessous-dessus ses affaires pourtant bien rangées et bien pliées auparavant. Elle ne mangeait plus que seule et aux heures les moins pleines, s'isolait en cours, ne participait plus. Mais le plus difficile était d'ignorer ses amies, de ne pas leur répondre. Certes, elle leur parlait, elles sont de la même maison, et elle est dans le même dortoir que Stacy, mais elle s'éloignait d'elles le plus possible, rentrait tard le soir pour ne pas les croiser.

La seule personne avec qui elle était elle-même, c'était avec Naomy, à ce moment présent. C'était étrange, mais elle n'avait pas envie de lui faire mal. Elle avait lu dans ses yeux qu'elle aussi avait souffert. Elles étaient semblables toutes les deux, elles avaient connu des coups durs. Certes, Maureen ne savait pas ce qu'avait subit Naomy, mais elle se doutait qu'elle n'allait pas le découvrir de suite. Non, sa camarade allait le lui avouer quand elle jugera que le moment sera venu, elle ne la forcerait pas. En tout cas, elle aimait pouvoir abaisser ses barrières protectrices. Elle scruta Naomy et vit qu'elle grelottait un peu.

- Ca va ? Il fait froid ici, tu es inconsciente de venir sans manteau ou sans cape ! Prend la mienne ou tu vas devenir un vrai glaçon !

Elle tendit à sa cadette sa cape rembourrée et l'enveloppa dedans. Elle était un peu petite, mais elle recouvrait ses bras et ses épaules, c'était le principal. Le froid glacial gifla Maureen mais elle s'en fichait royalement, elle aimait la morsure de la glace, elle adorait sentir son sang se refroidir, sa peau vibrer. Non, Maureen n'était pas comme tout le monde, mais tout Poudlard a déjà dut s'en rendre compte.

Maureen semblait coupable d'avoir fait peur à Naomy, mais lorsque celle çi lui offrit un beau sourire, elle semblait comme soulagée. Malgrès çà, elle soupira, comme si elle était agacée par quelque chose. Qu'est-ce que çà pouvait bien être ?

Excuse-moi, je t'ai fait peur mais ce n'était pas mon intention au contraire ! Pardonne-moi !

Elle avait débité cette phrase en un temps record, comme une petite enfant qui s'excuserai d'avoir cassé le vase de Chine qu'a offert grand-mère pour noël. Elle se confondit tout simplement en excuses, et sembla à la fois peinée de lui avoir fait peur, mais aussi en colère de l'avoir fait. Elle regardait le sol avec un air coupable peint sur le visage, et les deux mains jointes. Elle est mignone; comme un enfant, pensa Naomy. Celle çi se sentit soudain mal quand elle réalisa que c'était à cause d'elle que la belle Maureen se sentait coupable. Il n'y avait pas de quoi ! C'était la faute de Naomy, elle n'avait qu'à pas être autant plongée dans ses pensées ! Naomy lui répondit alors une montagne d'excuses, bougeant rapidement les mains de gauche à droite, comme pour exprimer un malentendu.

Non ! ne...ne t'excuse pas voyons, c'est...c'est ma faute...j'étais dans mes pensées et...je ne t'ai pas entendu...arrivé...

Son dernier mot s'était terminé comme un murmure. Quelques nuages qui cachaient précédemment la lune s'était dégagé de son chemin, laissant passer la douce lumière de cette planète blanche. C'est cette même lumière qui avait éclairé les cheveux de Maureen, dévoilant de magnifiques reflets. Naomy était tout simplement envoûtée. Maureen était tellement...Quel était le mot exact ? Mystérieuse ? Envoutante ? Ha, oui: Belle. Tout simplement. Autant ne pas se voiler la face. Maureen était belle, c'est un fait. Même la pire langue de vipère l'aurait reconnu. Au risque de paraitre indiscrète ou mal élevée, Naomy s'autorisa à défigurer Maureen, juste un petit instant.

Maintenant qu'elle en avait l'occasion, et que Maureen ne semblait pas aussi pressée que la dernière fois, elle voulut examiner de plus près son joli visage. Sa peau blanche semblait lisse comme une peau de bébé. D'ailleurs, Naomy retenait l'envie d'y poser sa main. Ses fines lèvres étaient entre-ouvertes. Lèvres que Maureen humidifia, surement pour les rendre moins sèches. Son petit nez était quelque peu rougit par le froid. Dans ces moments-là, on appréciait la grande écharpe avec les couleurs de nos maisons, pensa-t-elle. Le regard de Naomy remonta un peu plus haut, juste un peu plus haut, à la partie qu'elle préferait: Ses yeux. Quelles merveilles. Comment une personne pouvait-elle posséder des iris aussi magnifiques ? Elle devait surement en faire, des jaloux. Cet océan de bleu. C'était indescriptible. Elle vit que ses iris s'agrandissaient. Elle devait surement être surprise que Naomy la défigure ainsi. Mais c'était plus fort qu'elle. Un coin de son cerveau lui disait: "c'est malpoli ce que tu es en train de faire. Pour qui va-t-elle te prendre après çà ?" et un autre qui lui criait: "Continue de la regarder ! Ne tourne pas le regard et enregistre bien cette image !". Lequel devait-elle écouter ? Au risque de ne pas savoir lequel choisir, ce fut un frisson, qui la sortit de sa contemplation. Elle se retenu de ne pas se frictionner les bras comme elle l'avait fait auparavant. Mon dieu, comme elle pouvait avoir froid en ce moment même. Et apparemment, Maureen s'en rendit compte. Ne demandez pas comment, cette fille était un véritable mystère. Naomy vit la jeune fille enlever le bouton de sa cape et la retirer. Mais que faisait-elle donc ? Elle allait mourir de froid !

- Ca va ? Il fait froid ici, tu es inconsciente de venir sans manteau ou sans cape ! Prend la mienne ou tu vas devenir un vrai glaçon !

Et avant qu'elle n'ai eu le temps de réagir, Maureen enveloppa sa cape sur les épaules de Naomy. Ce qui la réchauffa instantanément. Pour un peu et Naomy en aurait pleuré de joie. Elle avait beau aimé rester des heures sous la pluie pour cacher ses peines, elle adorait aussi la chaleur de son lit douillet. Naomy, heureuse d'avoir enfin trouvé un peu de chaleur, remua un peu dans sa cape et ronronna de plaisir. Mais au fait ! Et Maureen ? C'est elle qui allait avoir froid maintenant ! Qui sait, elle tomberai peut-être malade ! Si celle-ci tombait malade à cause de Naomy, elle ne se le pardonnerai jamais. Et bien qu'elle y ai déjà pensé, rien qu'un petit instant, la cape était bien trop petite pour deux personnes. Malheureusement.

Me...Merci beaucoup, mais, et toi ?...C'est toi qui va avoir froid maintenant !

Naomy était assez inquiète. Elle ne voulait surtout pas que Maureen tombe malade, et encore moins par sa faute. Si elle était malade, cela réduirait les chances que Naomy la croise dans les couloirs ou dans la grande salle. Déjà que celles-ci n'étais pas bien grandes...Maureen gardait son sourire satisfait. En attente de sa réponse, Naomy vit alors quelque chose briller dans les cheveux de Maureen. Quelque chose de sombre. Ne réfléchissant pas, elle partit sur un coup de tête. Elle tendit le bras pour attraper cette dit-chose. Elle fouilla un peu dans sa belle chevelure, et se délecta du touché. Ses cheveux étaient d'une telle douceur ! Quand elle attrapa enfin l'objet voulu, elle l'approcha d'elles pour voir de quoi il s'agissait. C'était une petite plume noire. Surement celle d'un des postiers, se dit-elle. Elle l'a fit alors tourner dans ses doigts, et aborda un sourire amusé. Elle releva alors le regard vers Maureen. Celle çi ne souriait pas. Elle ne semblait pas en colère, mais plutôt... étonnée. C'est là que Naomy se rendit compte de ce qu'elle venait de faire. Ses yeux s’ouvrirent sur l'effet de la surprise, et instantanément, ses joues se colorèrent d'un rouge éclairé par la lumière de la Lune. Non, dites moi que je n'ai pas fait ce que je viens de faire ! Pensa Naomy. Qu'est-ce que Maureen allait pensé ? Elle n'osa pas relever le regard vers elle. Maintenant qu'elle s'était encore fourée dans une situation embarrassante, toujours avec la même personne entre parenthèse, c'était peut-être l'occasion de lui demander de ses nouvelles, tant qu'on y est. Le silence règnait, et Naomy le trouvait bien embarrassant. Alors au risque de paraitre encore plus stupide, elle se décida à parler.

Sinon...Est-ce que...Est-ce que tu vas mieux ? Non parce que...je ne t'ai pas recroisée depuis la dernière fois, et je me demandais...si tes problèmes s'étaient arrangés...Mais je ne veux surtout pas me mêler de ce qui ne me regarde pas alors je voulais juste savoir si...tu allais...un peu mieux ? Parce que je m'inquiétais et...

Mais donnez lui une corde ! Pauvre Naomy, pourquoi fallait-il toujours qu'elle ouvre sa grande bouche ? Maintenant qu'elle venait de passer pour une parfaite idiote qui se mêle des affaires des autres, c'était réussit ! Malgrès tout çà, Naomy s'était vraiment inquiété pour Maureen. A chaque fin de cours elle avait esperé la voir au loin, ou la croiser dans un couloir, mais, non, rien. Alors elle était quand même bien soulagée de la trouver ici. C'est là qu'elle remercia intérieurement cet idiot de Mousse, lui et ses brillantes idées de venir ici, car sans lui, elle n'aurait peut-être pas recroisé Maureen avant longtemps, qui sait. En parlant de Mousse, où était cet imbécile de chat ?

De sa faute ? Naomy s'était excusée pour une faute qu'elle n'avait pas commise, encore une fois. Décidément, les deux jeunes filles se ressemblaient beaucoup. Tout du moins, l'ancienne Maureen et la Naomy actuelle ! La comparaison fit sourire la première. Elle se retrouvait en face d'elle-même et ça lui plaisait beaucoup. Elle pouvait savoir à peu près les réactions de l'autre fille, ainsi que ses paroles, et elle aimait ça. Elle aimait savoir la réaction des gens, les connaitre, savoir s'ils lui veulent du mal. Les personnes trop différentes d'elles sont si imprévisibles, si incontrôlables. C'est ce qui avait fait fuir Maureen ses premières années, ainsi que les souvenirs qui ressurgissaient en plein milieu de la nuit.

D'ailleurs ceux-ci étaient réapparut, comme pour lui prouver qu'elle était redevenue faible. Elle se réveillait de nouveau en sursaut, le corps baigné de sueur dans ses draps emmêlés. Et elle suffoquait, elle essayait de chasser les sourires cruels, presque carnassiers, de ses anciens camarades de classe. Elle finissait sa nuit toute tremblante, blottie dans sa couette, les larmes coulant le long des joues. Elle ne pouvait plus se rendormir, avait trop peur de revoir ses cauchemars les yeux à peine fermés. Elle se contentait d'écouter les respirations calmes de ses camarades de dortoir. Elle aimerait tellement pouvoir oublier...

Mais il n'était pas temps à penser à ça, elle en aurait bien assez avant de rejoindre son lit. Elle redressa la tête, qu'elle avait baissé, et tomba nez à nez avec Naomy. Cette dernière était en train de l'observer silencieusement, parcourant son visage de ses yeux d'un bleu intense. Ce n'était pas comme ceux de Jesse non. Ils étaient plus perçant, plus vifs, mais il s'y cachait un peu d'obscurité, un bleu plus sombre entourait la pupille. Des yeux magnifiques qui bougeaient sans rythme précis, parcourant la peau de Maureen qui s'empourpra. Elle n'avait été regardée ainsi que par Jesse. Personne d'autre ne l'avait défiguré d'aussi près, ne l'avait regardé avec des yeux si tendres. Elle fut d'ailleurs surprise d'elle-même. Venait-elle de comparer Jesse à cette fille ? Non, c'était impossible ! Et pourtant...

Maureen vit que cela faisait plaisir à Naomy qu'elle lui mette sa cape. Elle sourit. Elle aimait rendre service, ça lui donnait l'impression d'être là pour quelque chose, de ne pas être inutile. Et puis, voir le sourire de quelqu'un était quand même beaucoup plus jolie qu'une expression triste et morose. Alors elle aidait les gens sans rien attendre en retour. Enfin, ça, c'était l'ancienne Maureen...

Et puis il y eut comme une ombre qui passa sur le visage de Naomy. Son sourire s'effaça quelque peu et elle prit la parole, rompant le silence qui s'était installé, un silence contemplatif. Maureen, froid ? Naomy s'inquiétait pour elle et son sourire s'élargit. Oui, Maureen avait froid, mais elle n'en avait que faire, elle aimait ça. Ca, et la pluie. Elle n'aimait pas, au contraire, avoir chaud. Ce sentiment d'étouffement, le corps collant de sueur, la seule envie d'enlever ses vêtements, de découvrir des parcelles de peau...

Elle en était là de ses pensées quand elle sentit que Naomy s'approchait. Elle ne tenta même pas un pas en arrière, trop surprise pour ne serait-ce que bouger le petit doigt. Elle ne sentit rien la toucher, juste quelque chose bouger dans ses cheveux. Rêvait-elle ou Naomy lui caressait les cheveux ? Elle n'eut pas le temps de dégager le bras de la Poufsouffle qu'elle le fit elle-même. Elle tenait entre ses doigt quelque chose de petit et sombre. Elle l'examinait alors que Maureen tentait de voir ce que c'était. Elle reconnu une plume, celle d'un volatile qui voletait autour d'elles. Elle fut surprise tout de même que Naomy ait eut le cran de l'enlever elle-même.

Et là, ce fut un silence gêné qui s'installa. Un ange passa, puis toute la troupe, entre les deux jeunes filles qui s'observaient sans bouger. Naomy avait l'air plus embarassé, Maureen, elle, avait retrouvé un air neutre, mais pas hostile. Elle ne savait que penser des agissements de Naomy. Certes, cela montrait qu'elle était dotée d'une extrême timidité, mais elle avait l'impression qu'il y avait autre chose. Après tout, son teint était devenu écrevisse, et elle semblait très gênée de son geste. Mais ce fut elle qui interrompit encore le silence.

Et ce qu'elle dit fit rougir Maureen. Il est vrai que leur dernière rencontre n'avait pas été très commune, bien que c'était la deuxième fois déjà qu'elle rencontrait une personne dans cet état. Ca la touchait que Naomy se soit inquiétée pour elle. Elle était la seule à avoir vu des larmes après la rupture avec Jesse, ce que Maureen aurait voulu éviter. Est-ce qu'elle allait mieux ? Est-ce que ses problèmes s'étaient arrangés ?

- Oui tout va bien maintenant. C'est une affaire réglée, du passé tout ça. Il fallait pas t'inquiéter pour moi, je sais gérer toutes sortes de situations. J'ai 16 ans après tout, presque 17, alors je m'en suis remise.

Qui espérait-elle bluffer ? Qu'essayait-elle donc de faire ? Elle sourit à Naomy, mais elle ne savait même pas si son petit numéro était très convainquant. Elle avait apprit que son copain... ex-copain maintenant... avait été découvert dans une position très compromettante avec une autre fille, en pleine salle commune de Poufsouffle ! Alors que la fille elle-même avait un petit ami. Petit ami qui l'avait découvert sur le fait. Alors non, ça n'allait toujours pas mieux, non ce n'est pas encore du passé, mais que pouvait-elle y faire ?

Alors elle fit ce qu'elle savait faire de mieux depuis quelques temps. Elle ravala ses larmes, afficha un petit sourire hypocrite, et fit comme si tout ce qu'elle disait était réel. Elle se devait d'être forte. Elle n'aimait pas les filles qui s'apitoyaient sur leur sort après une rupture, qui prétendaient avoir le coeur brisé... Elle ne voulait pas faire partie de celles qui fondent en larmes pour qu'on s'occupe d'elle, au contraire. Un léger frisson la parcourut. Elle tourna le dos à Naomy pour s'approcher de la fenêtre où elle était assise un peu avant. Sa place était redevenue froide... Elle soupira.

- C'est joli cette vue tu ne trouves pas ? Un lieu à des kilomètres et des kilomètres de toute civilisation moldue, une bonne cachette pour une école de sorciers.

Changement de sujet radical. Elle ne voulait pas parler de Jesse, pas à une inconnue, même si elle s'identifiait à elle. Elle attendit une réponse sans se retourner, en regardant les étoiles.

Naomy releva le visage de ses chaussures quand elle entendit la réponse de Maureen.

- Oui tout va bien maintenant. C'est une affaire réglée, du passé tout ça. Il fallait pas t'inquiéter pour moi, je sais gérer toutes sortes de situations. J'ai 16 ans après tout, presque 17, alors je m'en suis remise.

Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier moldu, pensa Naomy. Elle était naïve, mais pas stupide. Elle ne l'avait pas cru une seconde. Pourquoi donc à votre avis ? Tout simplement parce que Naomy utilisait la même tactique quand on lui posait ce genre de questions. Maureen avait dit ces paroles doucement, surement pour qu'elle ai le temps d'y réfléchir dans sa tête. Mais surtout, elle avait terminé par un petit rire. Un petit rire, qui sonnait faux, qui ne sortait pas du coeur. Et enfin la cerise sur le gateau: le sourire forcé. Naomy connais bien ce genre de sourire. Combien de fois en avait-elle usée d'ailleurs ? Un étirement des lèvres qui ressemble plus à une grimace qu'à un sourire, et des yeux tristes pour accompagner le tout. La seule personne qui savait différencier les vrais sourires de Naomy aux faux, c'était son beau père. Dans ses moments là, elle avait beau mettre tous les efforts du monde pour paraitre heureuse, cela sonnait faux aux yeux de son beau-père. Quand il avait droit à ce genre de sourires, il l'a prenait dans ses bras, malgré qu'il sache qu'elle déteste qu'on l'a touche, et il lui disait: abandonne. Il n'en fallait pas plus pour que Naomy lâche prise, et pleure silencieusement dans ses bras protecteurs. çà faisait un bien fou. A force, on veut retenir ses larmes, ses émotions, ses envies, mais à un moment ou un autre, on est plus capable de tenir la cadence. Et Naomy avait bien peur que ce ne soit le cas pour Maureen. Pleurer seul, dans son lit, certes quand on a pas d'autre choix, on fait avec. Mais pleurer devant quelqu'un, dans ses bras, qui plus est, c'était se mettre à nu, c'était accorder toute sa confiance à la personne concernée, et se dévoiler face à elle. Aux yeux de Naomy, c'était la plus belle preuve d'amitié qu'on pouvait offrir. J'aimerais être cette personne, pensa Naomy.
Elle n'aurait jamais le cran de lui dire. Et si elle lui disait "abandonne", Maureen ne comprendrait surement pas. Et pourtant, Naomy aimerait tellement avoir le cran de le faire. Dans sa tête, tout paraissait tellement facile. Pourquoi était-ce plus dur en vrai ? Ce n'est pas juste.

Naomy vit les yeux de Maureen briller. Elle semblait serrer des dents en se retenant de ne pas craquer. Dans l'esprit de Naomy, elle lui criait "Abandonne !". Mais en réalité, Naomy la regardait tristement. Elle ne pouvait rien faire. Elle se sentait inutile. Elle aurait tellement voulu l'aider, résoudre son problème, la rendre un peu plus heureuse. Maureen tourna finalement le dos à Naomy, et s'approcha d'une fenêtre à l'opposé. Elle regardait évasivement l'horizon, comme Naomy auparavant, et soupira.

- C'est joli cette vue tu ne trouves pas ? Un lieu à des kilomètres et des kilomètres de toute civilisation moldue, une bonne cachette pour une école de sorciers.

Des kilomètres et des kilomètres...Sans le savoir, Maureen venait de renvoyer la réalité en pleine poire de Naomy. Ses parents étaient à "des kilomètres et des kilomètres" d'elle. Cette pensée l’attrista beaucoup. Déjà qu'elle avait du mal à tenir le coup, s'il fallait qu'on en rajoute encore une couche... Naomy comprit que c'était bien évidemment pour changer de sujet. La première chose qui nous viens à l'esprit, dans l'espoir que l'autre se prenne au jeu. Naomy voulait lui crier d'abandonner, mais pour cette fois, elle jouerai le jeu. A contre coeur certes, mais si cela pouvait aider Maureen, alors elle le ferai. Elle regarda l'horizon en question. Peut être deux ou trois secondes, et les paroles de Maureen revenaient à l'assaut "Un lieu à des kilomètres et des kilomètres de civilisation moldue". Elle secoua la tête de gauche à droite, comme pour chasser ces pensées sombres, et reporta son attention sur l'horizon. Malgré elle, son regard se décalait toujours vers Maureen. Son visage éclairé par la lune la rendait d'autant plus belle.

- Oui...Magnifique.

Avec un peu de chance, Maureen penserai qu'elle parlait de l'horizon. Naomy se sentait bizarre. Elle se sentait à la fois anxieuse et chatouillée de l'intérieur. Comme si des petits lutins s'amusaient à faire la fête dans son ventre. C'était à la fois délectable, et très gênant. Malgrès la cape que Maureen lui avait si gentiment prêté, Naomy commençait vraiment à avoir froid. Et pourtant, elle ne voulait vraiment pas partir. Pas maintenant, alors que Maureen broyait du noir. C'était sa faute d'ailleur. En lui demandant si elle allait mieux, elle avait surement ramené le sujet sur le tapis, et attristé Maureen. Celle-ci regardait toujours l'horizon tristement. Ses yeux étaient étrangement brillants, et Naomy se demandait si c'était vraiment à cause de la lumière de la lune. A force de se répeter intérieurement la même parole, Naomy ne se rendit pas compte qu'elle la murmura.

- Abandonne.

Et elle pria pour que Maureen n'ai pas entendu.

Maureen regarda l'horizon. Quelque part au loin se trouvaient d'autres vies, d'autres personnes, d'autres malheurs. Alors pourquoi devrait-elle se plaindre ? Ce qui lui arrive n'est pas important, pas plus important que des guerres ou que la famine dans des pays. Ce n'est guère plus important même qu'un divorce, la mort de quelqu'un, un accident de voiture. Non, son histoire n'était que futile et sans importance, un grain de sable sur une plage de galet... Une poussière. Mais une poussière qui fait mal quand même. Elle soupira et entendit Naomy se rapprocher doucement et l'imiter juste quelques secondes. C'était calme. Trop calme ?

La parole est d'argent mais le silence est d'or. On pourrait croire que ce proverbe a été inventé rien que pour elles. Même si aucun bruit ne venait troubler l'atmosphère hormis les quelques hululements et froissements d'ailes, Maureen se sentait bien. C'était étrange pourtant, car sa rupture n'était pas si lointaine, mais être en présence de Naomy la calmait un peu, apaisait sa douleur. Comme si autour d'elle il ne pouvait y avoir que paix et douceur. Toutes les tensions se relâchaient. Et même si Maureen n'était pas prête à lui vider son cœur, à exposer toute l'histoire, elle se doutait qu'un jour elle le ferait, quand elle sera prête. Parce qu'elle savait que Naomy avait aussi de la noirceur dans son cœur, quelque chose qui ternissait ses yeux bleus, qui retenait son joli sourire. Elle l'avait vu dans son regard lors de leur première rencontre, ce qui avait fait qu'elle s'était laissée approchée.

Certes, tout le monde a cette petite chose qui pourrie l'existence, un passé douloureux, le décès d'un proche, une maladie grave... Mais il y avait autre chose avec Naomy, comme si c'était encore plus grave que ça. Et Maureen s'était un peu identifié à elle... Mais ses pensées s'arrêtèrent nettes ici, quand Naomy lui répondit qu'en effet, c'était magnifique. Elle jeta un regard en coin à Naomy, et vit qu'elle la regardait elle, et pas l'horizon. Elle retourna discrètement la tête, comme si elle n'avait rien vu. Pourtant, les questions bouillonnaient dans son cerveau déjà à moitié endormi. Avait-elle imaginé la phrase ? Et le regard que lui lançait Naomy. C'était peut-être qu'une coïncidence après tout, elles avaient pu tourner la tête en même temps !

Pourtant, elle était sûre et certaine d'avoir bien vu et bien entendu. Ou alors, c'était Naomy qui était trop fatiguée, qui divaguait, qui parlait juste du paysage mais avait beugué sur elle. Après tout, ça lui arrivait aussi, de ne plus pouvoir décrocher son regard de quelque chose ou de quelqu'un et de parler de tout à fait autre chose en même temps, mais en ayant une voix qui fait penser qu'elle n'est plus tout à fait là, dans le monde réel. Oui c'était certainement ça. Après tout, il se faisait tard... Enfin, tard. Il n'était certainement même pas 22h mais la journée avait peut-être été longue pour la plus jeune.

Et puis, alors qu'elle se demandait tristement si Jesse était dans son dortoir, à serrer dans ses bras Amorie, l'un contre l'autre, elle entendit un murmure. Elle ne crut pas comprendre... "Pardonne" ? "Pardonne-moi" ? "Abandonnée" ? "Abandonne" ? Quelque chose dans ce style-là. Qu'est-ce qu'elle a voulu dire ? Maureen se retourna vers Naomy.

- Tu disais ?

Maureen avait posé la question doucement, comme pour ne pas faire de vague dans la mer de calme qui les entourait. Elle vit que Naomy avait froid. C'était à peine si elle ne claquait pas des dents. Maureen, elle, avait la chair de poule et frissonnait par intermittence. Elle ne se serait pas doutée qu'avec sa cape, la cinquième année aurait eu froid.

Naomy avait beau croiser les doigts, Maureen se retourna quand même dans sa direction, le regard interrogateur et les sourcils légèrement froncés en signe d'incompréhension.

- Tu disais ?

Comme si elle avait reçu une décharge électrique, Naomy releva brusquement la tête, et son coeur accéléra. Si elle continuait ainsi, Maureen la trouverai bizarre. Comme tout le monde. Tout le monde la trouvait bizarre. Louche. Différente. Voilà les étiquettes qu'on vous collait sur le front juste par un simple regard. Juste parce que vous êtes...différent ? Ne dit-on pas que la différence est un art ? Encore faut-il l'assumer. Naomy détestait son corps, son caractère, sa timidité, sa passion incontestable pour les livres, son passé trop sombre, son manque de confiance en elle...Elle se détestait. C'était de sa faute si les autres la rejetait. Après tout, qui voudrait être vu avec "Lonely Naomy" ? A force, elle s'était habituée à ce que les autres l'évitent, ou chuchotent en ricanant lorsqu'ils la croisaient. Mais pour Maureen, elle ne voulait pas être cette personne. Elle voulait juste être...quelqu'un de normal. Elle se sentait bien en la présence de Maureen. Elle se sentait elle même. Comme lorsqu'elle était avec sa mère et son beau père. Elle pouvait sourire doucement, participer à une conversation sans hésiter, et même rire aux éclats. Peu importe ce que les autres pensaient d'elle, Naomy ne voulait pas que ce soit le cas pour Maureen. Qu'elle la considère comme une sorte...de monstre. Elle essaya de trouver quelque chose pour se rattraper, mais elle ne trouva pas, alors elle misa sur le compte de la fatigue.

- Ho heu...Non rien, je...j'étais dans mes pensées...désolée.

Toujours à s'excuser. Pourquoi au juste ? Tout simplement, s'excuser d'être ainsi. Naomy baissa le regard pour venir y admirer ses chaussures. Puis elle le releva. Après tout, elle n'avait pas à avoir peur. Elle était avec Maureen. C'était une...connaissance ? amie ? ou autre chose ? Naomy ne le savait pas. La seule chose dont elle était sûr, c'est que Maureen était sincère avec elle. Et çà, Naomy appréciait terriblement. Elle s'approcha de la fenêtre voisine à celle de Maureen et s'y accouda. Elle sentait le regard de Maureen sur son visage. Elle l'étudiait, elle l'explorait. Elle essayait surement de comprendre. Naomy ne suivit pas son regard, et la laissa regarder son visage. Elle essayait de ne pas rougir, mais ce fut assez difficile. Alors Naomy essaya de penser à autre chose. Immédiatement, les visages de ses parents lui revinrent en tête. "Un lieu à des kilomètres et des kilomètres de toute civilisation moldue." Comme çà pouvait l'attrister. Elle ferma les yeux, et savoura la douce brise de vent en sa direction, faisant voler ses cheveux détachés.

Il y avait souvent un silence entre Maureen et Naomy. Pas un silence pesant, non. Un silence appréciable. Avec juste la sensation d'être aux cotés d'une personne qu'on apprécie. On a pas forcement besoin de parler pour bien s'entendre, et çà, c'était une cause que défendait rigoureusement Naomy.

Malgrès la cape, Naomy commençait sérieusement à avoir froid. Elle ne sentait plus ses mains. elle les raprocha alors près de ses lèvres pour souffler à l'intérieur des paumes. Geste que Maureen observa bien évidemment. Naomy reporta son attention sur l'horizon, et entendit un souffle court. Maureen frissonnait. Maureen avait froid. C'était sa faute. Secouant doucement la tête de gauche à droite, Naomy recula de la fenêtre, et retira la cape à la douce odeur de Maureen, et lui tendit.

- Reprends là. Tu vas attraper froid. C'est très gentil de me l'avoir prêté, mais je ne voudrais pas que tu tombe malade par ma faute.

Naomy avait dit ces paroles doucement, avec un léger sourire. Elle aurait bien aimé la garder. Maintenant elle avait encore plus froid que l'instant d'avant. Sans le savoir, elle tremblait. Maureen ne réagissait toujours pas. Naomy se dit qu'elle était peut-être vexée qu'elle ne veuille pas de sa cape. Pourtant, Naomy aurait tellement aimé la garder, rien qu'une journée, pour sentir la douce odeur de vanille qui émanait de cette cape. Elle aurait eu l'impression que Maureen était partout avec elle.

Naomy commençait à trouver çà bizarre. Le fait qu'elle pense constamment à Maureen, ce n'était pas normal. Surrement l'envie d'avoir une nouvelle amie ? du moins, c'est ce qu'elle pensait...

Ce fut comme un électrochoc. Naomy avait relevé la tête brusquement, comme si elle avait été prise sur le fait, la main dans le sac en train de faire quelque chose d'illégale. Pourtant, elle n'avait rien fait de mal, si ? Qu'avait-elle dit pour que cela la gêne à ce point ? Maureen se posait des tas de question. Elle vit l'autre jeune fille essayer vainement quoi répondre. Elle bredouillait, semblait mal à l'aise. Cela la fit sourire. Elle n'avait qu'à répéter ce qu'elle avait dit pourtant ! Mais ce fut autre chose qui sortit de la bouche de la poufsouffle. Ce furent des excuses et des explications.

Une explication qui mettait tout au clair. La fatigue. C'était donc ça. Alors le "Magnifique" devait être adressé à l'horizon mais la fatigue avait fait que tout se mélange. Et puis, Maureen n'était pas totalement éveillée non plus, elle devait avoir des idées farfelues qu'elle n'aurait pas eu en temps normal, à une heure respectable. Elle regarda la jeune fille qui scrutait le paysage de la fenêtre d'à côté. Etait-ce aussi à cause de la fatigue qu'elle la trouvait belle ? Pas magnifique, pas resplendissante, juste belle. Belle dans sa simplicité, dans sa timidité, juste dans sa façon d'être elle-même, cette façon de paraitre triste, mais pas tout à fait.

Quelques mèches de ses cheveux se soulevèrent au passage du vent. Maureen eu envie d'en attraper une, de la remettre en place derrière l'oreille de la jeune fille. Oula, elle n'allait pas bien, il fallait qu'elle arrête ou elle se poserait des questions sérieuses sur sa santé mentale. Elle ferma les yeux et secoua la tête pour se donner un peu de pêche et réveiller tous ses neurones qui s'étaient mis en veille. Elle voulut parler mais fut interrompu par Naomy qui enleva la cape qu'elle lui avait prêtée pour la lui rendre. Elle rit.

- Tu sais, à chaque fois que l'on se rencontre, tu t'excuses pour telle ou telle chose, des choses minuscules. Je ne vais pas attraper froid, et même si c'était le cas ça ne serait pas si grave que ça. En ce moment c'est le moindre de mes soucis ! Et rappelle-toi que c'est moi qui t'ai proposé ma cape, et que donc ce n'est pas ta faute si je tombe malade.

Elle lui lança un regard interrogateur pour savoir si elle avait comprit et reprit la cape encore chaude pour la replacer sur les épaules de Naomy. Elle la boutonna pour qu'elle ne lui tombe pas et se recula d'un pas en souriant.

- Bon, et sinon à la fin de l'année les BUSES ? Tu verras, si tu travailles bien en classe et que tu révises correctement, tu vas les réussir sans problème !

C'était passe-partout, une discution que l'on trouve dans la poche de n'importe quel élève, un sujet qui remplit bien les conversations et avec lequel on trouve toujours quelque chose à dire. La discution continua ainsi pendant une heure, puis il fut l'heure pour Maureen de rentrer. Ses camarades devaient dormir à présent, et elle n'aurait donc pas à répondre à leurs questions, encore une fois. Fuir était si gênant ! Mais c'était la seule solution. La seule solution pour ne pas avoir à répondre, à déballer les moments douloureux. Si seulement elle pouvait recommencer depuis le début, oublier ne serait-ce que l'existence du Préfet en Chef et retourner à ses occupations, ne parlant qu'à ses deux amies, son cousin, et optionnellement à Robbie.

En tout cas, elle était sûre d'une chose : Naomy allait l'aider à se relever. Elle faisait d'ailleurs déjà beaucoup. Maureen bailla. Elles avaient bien parlé, s'étaient assises dos au mur, regardant les oiseaux voler, dormir, à la simple lumière d'un lumos. Elles avaient un peu rit, mais pas beaucoup. Maureen n'avait toujours pas parlé de Jesse, elle avait évité le sujet, mais elle se doutait qu'il faudrait lui dire. Elle se leva, étira ses membres engourdis et regarda Naomy qui s'était levée à son tour.

- Bon, et bien je vais devoir y aller. Il se fait tard, et tu ne devrais pas tarder si tu ne veux pas tomber sur quelqu'un. Je ne veux pas que notre petite escapade t'attire des ennuis.

Elle ne sut que faire. Devait-elle lui faire la bise, lui serrer la main ? L'un paraitrait trop familier, et l'autre trop sérieux. Elle s'approcha de la cinquième année et la serra contre elle.

- Merci d'être là.

Elle se recula, un peu gênée de son geste.

- Et bien, à la prochaine. J'espère qu'on pourra discuter ainsi bientôt, ça m'a fait plaisir.

Elle n'attendit pas de réponse et s'en alla, ne laissant plus aucune trace d'elle dans la Volière... Sauf peut-être la cape qui était restée boutonnée aux épaule de Naomy. Elle ne s'en souciait pas, elle en avait une autre, et puis ce n'était pas comme si elles n'allaient jamais se revoir ! La serdaigle retourna bien au chaud à l'intérieur du château, rejoignit discrètement son dortoir et s'endormit le sourire aux lèvres en repensant à cette jolie soirée.

Lorsque Maureen se décida enfin à réagir, celle-ci se mit à rire. Pas un rire moqueur, non, un rire doux et franc.

- Tu sais, à chaque fois que l'on se rencontre, tu t'excuses pour telle ou telle chose, des choses minuscules. Je ne vais pas attraper froid, et même si c'était le cas ça ne serait pas si grave que ça. En ce moment c'est le moindre de mes soucis ! Et rappelle-toi que c'est moi qui t'ai proposé ma cape, et que donc ce n'est pas ta faute si je tombe malade.

Sur ce coup là, Naomy se sentit...quelque peu...gênée, dirons-nous. L'art de rendre quelqu'un ridicule, en quelques secondes, par la belle Maureen pour vous servir. Naomy rougit quelque peu. A force, elle finissait par croire qu'elle ne faisait que çà en présence de la belle Maureen. Une simple petite coloration des joues, mais qui voulait en dire beaucoup. La belle Maureen lui prit doucement la cape des mains, puis s'approcha de Naomy. Elle lui remit autour des épaules, et referma le bouton de la cape. Naomy n'était pas du tout habituée à une telle proximité. Son visage était à quelques centimètres de celui de Maureen. Alors, pour changer, Naomy rougit de plus belle. Encore une fois. Ses lèvres paraissaient tellement douces. Son visage paraissait tellement beau. Naomy fut éblouie par la beauté qui émanait de Maureen. Comment quelqu'un pouvait -il être aussi...envoutant ? Lorsque Maureen eut fini sa tâche, elle releva les yeux doucement, et regarda Naomy. Leur visage ne paraissaient plus qu'à quelques centimètres. Mais cela ne dura qu'une seconde. Maureen se recula de Naomy, et sourit doucement. Naomy, encore quelque peu troublée, se demanda pourquoi celle-ci avait reculé. Avait-elle deviné son malaise pour les contacts directs ?

- Bon, et sinon à la fin de l'année les BUSES ? Tu verras, si tu travailles bien en classe et que tu révises correctement, tu vas les réussir sans problème !

Encore un changement de sujet. Pour aider Naomy cette fois-ci. Comme la fois précédente, Naomy joua le jeu. Maureen semblai vouloir discuter, et même si Naomy n'était pas une grande bavarde, cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas discuté de tout et de rien avec un élève. Alors elles discutèrent, pendant quelques minutes. Ou peut être un peu plus. Naomy avait perdu la notion du temps. Lorsqu'elle était aux cotés de Maureen, elle se sentait elle même. Elle se sentait détendue. Elle se sentait bien. Malheureusement, les meilleures choses ont une fin. La nuit était tombée depuis bien longtemps, et la fatigue commencait à se faire ressentir pour les deux jeunes filles. La belle Maureen bailla doucement, et à cette vue, Naomy fit de même. Elle était une de ces personnes, qui baillait automatiquement lorsqu'elle voyait quelqu'un le faire précédemment. Maureen se leva, et s'étira gracieusement, comme un chat. Naomy se releva, et observa Maureen. Elles allaient bientôt se séparer, alors elle profita une dernière fois de sa beauté, et l'enregistra bien au fond de sa tête, pour ne pas l'oublier. Qui sait, peut-être ne se verraient-elles pas avant plusieurs jours ? Les meilleures choses prennent du temps, comme on dit. La belle Maureen fit alors face à Maureen, accompagnée d'un magnifique sourire.

- Bon, et bien je vais devoir y aller. Il se fait tard, et tu ne devrais pas tarder si tu ne veux pas tomber sur quelqu'un. Je ne veux pas que notre petite escapade t'attire des ennuis.

Maureen...s'inquiétait pour elle ? Naomy en fut touchée. Vraiment touchée. Déjà que le fait qu'on s'inquiète pour elle la rendait heureuse, mais là, que ce soit, la belle, la grande, la magnifique Maureen, elle s'en sentit vraiment très honorée. Naomy hocha alors la tête, comme un enfant qui promettrait à sa mère de ne pas faire de bêtises. Naomy attendit alors que Maureen parte. Mais celle-ci semblait hésiter. Avait-elle oublié quelque chose ? Maureen s'approcha doucement de Naomy. Plus près. Encore un peu plus près. Instinctivement, Naomy recula quelque peu. Juste d'un pas. Elle n'y pouvait rien, elle n'aimait pas être si proche de quelqu'un. Même pour Maureen ? çà, elle ne le savait pas. Elle avala sa salive silencieusement, et attendit, quelque peu anxieuse, de voir pourquoi Maureen faisait-elle un tel rapprochement. Elle garda son regard encré dans le siens. Comme pour la supplier de ne pas lui faire de mal. Maureen, à quelques centimètres du visage de Naomy, se pencha doucement, et la serra tendrement dans ses bras. Le temps semblait s'être arrêté. Naomy ne pouvait plus bouger. Quelqu'un était en train de la toucher. Quelqu'un était en train de la toucher, et elle savait qu'elle n'aimait pas çà du tout. Elle fut alors inquiète, inquiète de ressentir ce sentiment de gène, et de peur. Elle attendit, mais rien ne vint. Elle attendit, mais rien ne se passa. Elle sentit juste le souffle chaud de Maureen et ses fines mains autour de son cou. Ce n'était ni gênant, ni effrayant. C'était...agréable. Ses membres ne tremblaient plus, son corps semblait s'être réchauffé, et son coeur tambourinait dans sa poitrine. Naomy pouvait sentir la douce odeur qui émanait de la chevelure de Maureen. De la vanille. Comme elle sentait bon. Naomy se sentait tellement bien. Elle aurait voulu rester comme cela pour toujours. Mais elle savait que d'ici quelques secondes, Maureen se reculerai, et partirait. Alors elle profita de l'instant présent, comme on dit. Elle voulut croiser ses bras dans son dos, mais c'était encore bien trop tôt. Elle avait déjà fait un grand pas en avant, ce n'était déjà pas mal. Ses bras restaient immobiles. Elle ferma les yeux, pour apprécier ce moment.

- Merci d'être là.

Naomy se demanda alors si elle était en train de rêver. C'était dans les rêves que les choses se passaient ainsi. La réalité était toujours plus dûr d'ordinaire, non ? "Merci d'être là"... Il y avait un double sens caché là dedans. Et Naomy se promi d'y réfléchir, cette nuit même. De toute façon, c’était sûr et certain que cette nuit, ses pensées seraient remplies par des pensées pour Maureen, et de son beau visage.

Lorsque Maureen se retira de cette douce étreinte, la première chose que Naomy remarqua, c'est qu'elle rougissait. Comme elle était belle, pensa-t-elle. Celle-ci se racla quelques peu la gorge, comme pour camoufler sa gène.

- Et bien, à la prochaine. J'espère qu'on pourra discuter ainsi bientôt, ça m'a fait plaisir.

Et Maureen partit. Naomy resta là, les bras immobiles, sans même réagir. Elle venait d'assimiler trop d'informations. Ce n'est que bien après le départ de Maureen, que Naomy lui adressa un léger signe de main, encore déconnectée de la réalité. Et c'est là qu'elle se rendit compte, qu'elle avait oublié de lui rendre sa cape. Elle vérifia alors que personne n'était dans les parages, et sentit l'odeur de Maureen qui émanait de sa cape. De la vanille. Naomy adorait la vanille. Puis celle-ci, comme si elle venait de se brûler, arrêta tout geste brusquement, et se demanda ce qu'elle venait de faire. On ne fait pas ce genre de choses envers une amie. C'était une amie ? après ce geste, c'en était surement une. Naomy se sentit alors tellement heureuse. Elle venait de se faire une amie. Pourtant, elle ne savait pas pourquoi, mais c'est comme si elle espérait plus. Plus qu'une amie ? qu'est-ce qui peut être plus qu'une amie ? Une meilleure amie ? Une vieille amie ? Une...ho non. pas çà. Tout était devenu clair, dans la tête de Naomy. Chaque geste compatissait avec l'autre. Chaque parole, chaque réaction, tout collait. Mais çà ne pouvait pas être çà ! C'est impossible !

- Maureen... Qu'as-tu fait de mon coeur ?

» Ce que la Lune et les Etoiles m'envient [Cha]
» Danse avec les Etoiles [Fifi]