Il pleut, il pleut ... Maureen

Une pluie fine et drue tombait sans discontinu depuis le matin. Les gouttelettes glacées ne cessaient de choir des lourds nuages gris qui s'étaient amassés dans le ciel et qui semblaient être bloqués par les hauts sommets des montagnes avoisinantes. Le temps était maussade, le vent froid descendait des montagnes rendait l'atmosphère encore plus terne.
Le mauvais temps avait au moins un avantage : personne ne se risquait dehors dans le parc ou sur les bords du lac ! Non, les élèves préféraient la chaleur de leur salle commune ou l'ennui des salles de classe.
Charlotte, elle, avait un peu de temps libre en cet fin d'après-midi. Elle avait bouclé tous ses devoirs et elle n'avait guère envie de traîner dans sa Salle Commune ou dans le dortoir. Le sujet de discussion qui revenait sans cesse dans toutes les bouches commençait sérieusement à l'exaspérer ... Le Bal de la Saint Valentin ... Pfff ... encore un grand n'importe quoi inventé par le vieux citronné pour tenter de leur faire oublier une énième fois qu'ils étaient toujours bloqués dans Poudlard ... Et puis la Saint Valentin ... franchement ... Quoi de plus déprimant que cette fête lorsqu'on était célibataire ... mais ça, Charlotte ne l'aurait avoué pour rien au monde ! De toute façon, elle s'en fichait, puisque pour elle pas de ce fichu Bal ... non elle allait passer la soirée dans les serres ... Dommage que les neurones du vieux fou marchent encore un peu ... Il n'avait pas oublié la punition ... Au moins dans son malheur, elle ne serait pas toute seule, Rab était de corvée avec elle ... C'était déjà ça, une compagnie plus qu'agréable qu'appréciait de plus en plus la Verte et Argent.
Bref, Charlotte avait quitté les cachots pour un peu de tranquillité et quoi de plus tranquille que les rives du lac noir sous la pluie. Là au moins personne ne viendrait la déranger et si un idiot osait perturber sa quiétude, nul doute qu'elle finirait par le balancer dans le lac, le calamar aurait un peu de compagnie comme ça !
La sorcière marchait avec précaution entre les pierres et les rives rendues boueuses par la pluie. Elle parvint près d'un petit bosquet de vieux saules qui laissaient tomber leurs branches à la surface de l'onde sombre. Les arbres avaient une silhouette noueuse comme s'ils étaient en proie à une horrible douleur. Au pied des troncs, de grosses pierres qui venaient effleurer la surface liquide. Charlotte s'installa sur l'une d'elle, appuyant son dos contre l'écorce humide d'un tronc. Malgré la pluie froide, elle resta là un long moment, sentant l'eau dégouliner sur ses cheveux, sur son visage, glissant sous le col de sa cape et s'insinuant le long de son cou. Elle avait fermé les yeux et était plongée dans ses pensées.

Les cours étaient finis depuis une ou deux heures déjà. Tout était calme dans les couloirs de Poudlard. Seul le bruit de la pluie qui martelaient les vitres du château brisait ce silence. Un silence que Maureen appréciait. Elle n'aimait pas le vacarme des élèves dans les couloirs, à parler de tout et de rien. En fait, en ce moment, un sujet revenait souvent mais la jeune Serdy avait décidé, dès son annonce, qu'elle ignorerait ce bal de Saint Valentin. Déjà qu'elle n'avait pas participé au bal d'Halloween, pourquoi irait-elle à celui-ci, qu'elle trouvait encore plus stupide ? Et puis, de toute manière, qui pourrait l'inviter, elle que personne ne remarquait ? Mais, de toute façon, elle faisait comme si elle n'avait jamais entendu de cette soirée... même si c'était difficile avec toutes ces filles qui gloussaient et ses garçons qui se pavanaient ! La jeune fille était donc dans les couloirs vides ou presque du château, après avoir assiduement fait ses devoirs.Elle regarda à travers un vitrail le ciel nuageux. Elle aimait ce temps humide et froid. Il lui faisait oublier ses malheurs et ses problèmes. Elle descendit alors les étages qui séparaient la salle commune du Hall d'Entrée puis sortie avec, pour seule protection, sa cape double épaisseur. Elle fut accueillit par un vent glacial et des gouttes de pluie. Elle ferma les yeux et leva son visage vers le ciel pour se délecter de la fraîcheur de l'eau. C'était si bon de se sentir si vivante ! Elle attendit que son corps s'habitue à la température puis commença à flâner de-ci de-là dans le parc de Poudlard. Elle ne faisait pas trop attention où elle allait et puis, de toute façon, de ce temps là, personne ne sortait. Pourtant... pourtant, elle se retrouva vite auprès d'une Serpy. C'était Charlotte Kered-Ann, une septième année. Elle n'avait jamais eu affaire avec elle mais en avait entendu parler vaguement dans les couloirs. Elle profitait de la pluie, tout comme Maureen. Peut-être était-ce le seul point commun entre les deux jeunes femmes... ou peut-être pas. N'ayant jamais discuté avec elle, comment la Serdaigle pouvait-elle savoir ? En lui parlant peut-être ? Ce n'était pas le genre de Maureen, grande timide qu'elle était. Non, elle se contenta de l'observer. Elle était belle avec les cheveux mouillés. On aurait cru qu'elle dormait ! Mais c'était impossible, sous cette pluie glacée !

Les yeux toujours clos, Charlotte ne bougeait. Malgré la morsure glacée de la pluie sur son visage et dans son cou, elle était bien. Elle aurait très pu se protéger en remontant sa capuche sur la tête mais elle n'en avait pas envie. C'était un temps qui lui plaisait : ciel bas et gris, bise glacée et bruine froide. Cela lui rappelait un peu les hivers en Cornouailles quand elle était plus jeune. Elle secoua soudain la tête. C'était quelque chose qu'elle n'aimait pas, quand ses pensées retournaient vers ce passé révolu, cela faisait mal ... trop mal ...
Charlotte crut soudain entendre un léger bruit. ce n'était pas le son des gouttes de pluie s'écrasant au sol ou sur l'onde noire ... La sorcière entreouvrit alors les yeux, un court instant. Juste le temps d'apercevoir une silhouette debout, plantée non loin d'elle. Et voilà il fallait qu'un imbécile brave le mauvais temps et comble du comble vienne exactement là où elle se trouvait ...
La Verte et Argent avait clos de nouveau ses yeux, espérant peut-être que ce n'était qu'une illusion ... Mais non, lorsqu'elle les rouvrit de nouveau, la silhouette était toujours là.
Charlotte se redressa légèrement. Ce fut son seul mouvement. Elle adressa un regard noir à la sorcière.

- Un problème ?marmonna-t-elle d'un ton bourru. Ou tu veux ma photo peut-être ?

Maureen sursauta lorsque la Serpentard ouvrit les yeux. Elle qui croyait qu'elle dormait, elle s'était trompée ! Ou alors peut-être qu'elle l'avait réveillé ! Réveiller une Serpentard, c'était pas bon signe ça ! Surtout quand elle nous surprend en train de la fixer. En gros, la Serdaigle était mal barrée ! Mais cela ne servait à rien de paniquer n'est-ce pas ? Alors qu'elle essayait de se rassurer intérieurement, Charlotte avait changé de position et avait parlé à l'intruse. Un problème ? Non, elle n'avait pas de problème, mais si elle restait plantée là comme une Troll ! Bien que, après réflexion, un Troll n'est pas seulement bête mais est aussi très violent, ce qui n'était pas dans les gènes de la jeune fille ! Au contraire, cette dernière aimait régler les conflits en discutant... mais préférait ne pas en avoir du tout à régler ! Quant à une photo de la sorcière, elle n'y avait pas pensé mais n'en voulait pas. De toute façon, elle savait très bien que c'était ironique mais que répondre dans des situations pareilles ? Qu'elle l'admirait ? Cela lui ferait trop plaisir ! Maureen n'aimait pas mentir, mais elle détestait encore plus le fait qu'un Serpy soit content, fille ou pas ! Alors elle se contentera de répondre à la négative aux questions de la jeune Kered-Ann... et peut-être qu'elle s'en irait après ça. Mais allait-elle avoir l'occasion de s'en aller ? C'était pas sur étant donné que les verts n'aimaient pas qu'on les dérange.

- Non... Non pas du tout...

Rester ou s'enfuir ? Maureen n'eut pas le temps de se poser la question...

Avec un agacement certain, Charlotte continua de fixer la Serdaigle. Dire que l'on prêtait comme qualité aux Serdaigles d'avoir de l'esprit et de l'intelligence, la Serpentard devait avoir devant elle l'exception qui confirmait la règle. La jeune fille restait plantée devant elle, l'air idiote. Le temps qu'elle mit à répondre à la Verte et Argent parut interminable à Charlotte. Et lorsque la Serdaigle réussit à lui donner une réponse ce ne furent que quelques mots bafouillés et hésitants. Charlotte se retint de lever les yeux au sol.

- Non ? Vraiment ? Alors peux-tu m'expliquer pourquoi tu restes plantée là, immobile comme un véracrasse ? lui demanda-t-elle avec une voix dans laquelle pointait une pointe d'énervement.

C'était vrai à la fin, quoi ! Le parc n'était-il pas assez grand, tout comme les rives du lac ? C'était trop demandé qu'un peu de calme et de solitude ?
Un moment, Charlotte tourna la tête, se désintéressant de la Serdaigle, elle posa son regard sur les eaux sombres du lac, observant les gouttes de pluie tomber dessus et se fondre dans la masse liquide. Tout en observa le lac, elle passa une main sur son visage pour en chasser l'eau qui avait ruisselé.
La sorcière finit par se désintéresser du lac. Elle tourna à nouveau la tête, avec l'espoir stupide, qu'une lueur d'intelligence aurait jailli dans la tête de la Serdaigle et que celle-ci aurait déguerpi ... Mais l'espoir fut vite trompée : la sorcière était toujours plantée là, dégoulinante de pluie des pieds à la tête.

Maureen s'en doutait qu'elle aurait le droit à une remarque, une réflexion, et la Serpentard n'avait pas tout à fait tort. D'ailleurs, même la Serdy ne savait pas pourquoi elle restait plantée là, à regarder Charlotte ! Mais ce qui la choqua, ce fut qu'elle l'insulte de Veracrasse. La jeune fille, passionnée d'animaux en tout genre, que ce soit des animaux moldus ou magiques, ou encore des créatures mythologiques plus fantastiques les unes que les autres, ne pouvait accepter une telle erreur ! Un veracrasse n'est pas immobile : il se déplace juste très lentement. Tout le monde utilisait ce ver pour blesser les gens et ce n'était pas très malin. Et puis, elle n'avait rien fait de mal. Si le fait qu'on la regarde la dérangeait, elle n'avait qu'à se cacher ! Mais la jeune fille garda ça pour elle et se contenta juste d'une petite réflexion. Après tout, elle n'allait pas s'énerver pour ça, elle qui garde toujours son sang froid.

- Sache, Charlotte, que les Veracrasses ne sont pas immobile mais sont juste très lents, comme les engrenages que comportent ton cerveau. De plus, je préfère en être un qu'un sale serpent comme toi, à cracher son venin sur tout ce qui bouge.

Peut-être y avait-elle été un peu fort... ou peut-être pas. C'était la première fois qu'elle parlait ainsi à quelqu'un. Et puis, pour une fois, elle était sûre de ses paroles et n'avait pas hésité une seule fois. Peut-être que c'était parce qu'elle était un minimum en colère. Elle ne chercha pas à comprendre et, pour aller encore plus loin, elle posa ses mains sur les hanches et ajouta une phrase.

- Et puis, de toute façon, je reste plantée ici si je veux !

Elle guetta une réaction de la part de la Serpentard avec un brin d'inquiétude. Allait-elle recevoir un sort en pleine face ou bien elle allait peut-être avoir droit à une grappe d'injures... La réponse à sa question ne se fit pas attendre.

Bon apparemment Charlotte avait devant elle la Serdaigle qui était dénuée d'intelligence ... Au lieu de déguerpir et de laisser la Serpentard tranquille, Maureen insistait et lourdement de surcroît ...
Charlotte haussa un sourcil et retint difficilement le rire moqueur qui ne demandait qu'à sortir. Bien, en plus elle avait droit à un cours sur les créatures magiques ... et bien, elle était gâtée aujourd'hui.

- Bien, à présent, je saurai vers qui me tournait quand j'aurais besoin d'informations que les créatures magiques, Miss encyclopédie vivantes sur les bêbêtes magiques ... Je te remercie pour ces précisions vitales sur les véracrasses ! la railla-t-elle.

Charlotte ne releva les remarques sur les serpents et le venin. Tout le monde finissait tôt ou tard par sortir ce genre d'inepties à la sorcière et cela devenait lassant d'y répondre. A croire que les gens manquaient d'imagination ... C'était toujours le même blabla vain et stupide.

La remarque suivant de la Serdaigle arracha un petit sourire à Charlotte. Oh oh, elle resterait plantée là si elle le voulait. Elle n'avait pas froid aux yeux la petite véracrasse !

- Vraiment ? s'étonna Charlotte.Dis moi, Miss Véracrasse, tu n'as pas peur que je te déracine de là et que j'aille te replanter plus loin, beaucoup plus loin ?

Cette Serdaigle était vraiment stupide, elle lui tendait la baguette pour être battue, là !

Maureen n'avait vraiment pas envie de se chamailler avec la Serpy, sachant que cette dernière était décidée à gagner ce duel verbal, quitte à en venir à la baguette. Pourtant, ses paroles ne pouvait l'empêcher de la rendre furax. Pour qui elle se prenait celle-là ? Et puis, c'est sûr qu'avec son caractère de Serpentard, elle n'avait pas suivi les cours de Soins aux Créatures Magiques. La Serdaigle ne comprenait pas la répugnance qu'avaient les verts et argents envers cette matière. C'était de loin la plus interessante ! Mais elle ne releva pas et continua d'écouter son adversaire. Parce que, même si c'était une adversaire, elle écoutait les gens, quoi qu'ils disent. Mais ces réflexions attendront. Pour le moment, elle préféra reporter son attention sur la brune qui lui faisait face. Mais avant de répliquer quelque chose, elle essuya rapidement son visage trempé. Ses cheveux gouttaient le long de ses temps et sa frange retombait sur ses yeux. Elle devait avoir l'air pitoyable mais elle s'en fichait. Elle aimait ce contact froid. D'ailleurs, si elle n'aurait pas eu ces gouttes de pluie glacées, elle serait certainement brulante ! La jeune fille entendit la question de la serpentard. Peur d'être déraciné ? Non, elle n'avait pas peur. En fait, cette menace, elle s'en fichait bien. Où voulait-elle l'emporter ? Avec ce dogme autour de Poudlard, elle ne risquait pas d'être expulsée à l'autre bout du monde sauf par miracle. Elle voulut faire part de ses réflexions à la serpentard mais répondit tout autrement, gardant ses pensées pour elle-même... Ou pour plus tard.

- Peur ? Je n'ai pas peur. Et de toute façon, où comptes-tu me replanter, comme tu dis ?

Non, décidemment, elle n'avait pas peur, mais elle n'était pas non plus sans crainte à ce moment précis. En fait, elle aimerait savoir ce qu'avait en tête au juste comme endroit où l'emmener.

Décidemment, cette petite Serdaigle stupidement coriace et bornée. Elle n'avait toujours pas bougé et restait plantée sous la pluie à dégouliner d'eau. Bon, de son côté ce n'était pas mieux : elle aussi était trempée. Mais cela ne dérangeait nullement Charlotte. Non, ce qui la dérangeait c'était qu'elle ne pouvait même pas avoir cinq minutes de tranquillité et de solitude sous la pluie.

Ainsi la Miss Vercrasse n'avait pas peur. Eh bien, tant mieux pour elle.

Charlotte lui jeta un nouveau regard noir.

- N'importe où dans Poudlard ... mais le plus loin possible de moi ! gronda-t-elle d'une voix sourde empreinte de colère.

Charlotte arrêta alors un instant sur les eaux grises du lac. La pluie tombait toujours dru et les gouttes avaient à peine effleuré la surface de l'eau qu'elles disparaissaient aussitôt dans la masse liquide.
Un sourire mauvais éclaira alors le visage de Charlotte.

- Tiens je pourrai te balancer dans le lac, par exemple. Tout au fond de l'eau ... ca pourrait être intéressant pour toi, Miss Veracrasse, tu aurais tout loisir d'observer et d'étudier le calamar géant et les autres habitants du lac ... marmonna-t-elle.

La menace était claire et elle fit frissoner Maureen. Elle n'aimerai pas se retrouver au fond du lac, sachant pertinament que les créatures qui y vivent ne sont pas toutes pacifiques. Les Strangulots notament n'étaient pas très sympathiques même si certains étaient domptés par les êtres de l'eau... D'ailleurs, ces dernières étaient très laides contrairement à si elles vivaient dans de l'eau chaude. Maureen se retourna et vit l'étendue d'eau. Non, ce n'était pas le fait d'être trempée jusqu'aux os qui l'effrayait, elle était déjà bien mouillée. Elle retourna son regard sur la jeune Serpentard. Elle n'avait qu'une envie : lui jetter un sort pour lui faire boucler sa grande bouche de serpent ! Si elle aurait été à Gryffondor, elle aurait certainement eut le courage et ça aurait été fait depuis longtemps. Mais elle était à Serdaigle et, bien qu'elle gardait sa main à proximité de sa baguette, elle savait qu'elle ne s'en servirait qu'en cas de légitime défense. L'idée de s'en aller fut très forte mais non. C'était plus fort qu'elle : elle restait plantée là, en espérant que ça ne se finirait pas en cours de plongée obligatoire. Elle savait nager, là n'était pas le problème. Ses parents l'emmenaient souvent à la piscine pour qu'elle apprene à dompter l'eau... Rien que de penser à ses parents, elle soupira. Cela faisait si longtemps qu'elle ne les avait pas vu ! Mais elle se rappela vite qu'elle était en face d'une rivale et elle lui lança un regard noir.

- Oh, et je suis sûre que tu te feras un plaisir de me rejoindre dans les profondeurs !

Parce que, la sorcière en face d'elle l'avait peut-être oublié, mais elle était elle aussi capable de la faire plonger de force dans l'eau de Lac Noir ! Après tout, elle avait peut-être un an de moins que la Serpy mais elle connaissait aussi beaucoup de sortilèges !

Le regard que Maureen jeta au lac et à ses profondeurs ne passa pas inaperçue pour Charlotte. Charlotte eut un petit sourire moqueur.

- A ce que je vois qu'on est intéressé par le lac, donc ... sourit la Verte et Argent. Si tu veux le voir de plus près ... pas de problème !

La pluie redoubla d'intensité et avec elle, le vent se mit à souffler avec plus de force. Il faisait craquer étrangement les branches dénudées de arbres. Un peu plus loin, un groupe de corbeaux qui se chamaillait dans la pelouse finit par prendre son envol pour gagner les frondaisons nues de la forêt interdite. Charlotte suivit des yeux l'envol des corvidés avant de reporter son attention sur la Serdaigle qui décidément n'avait toujours pas compris qu'elle gênait. Cette dernière, une nouvelle fois, eut la mauvaise idée de briser le silence ...
Charlotte laissa éclater un petit rire moqueur.

- Oh oh ... La petite Véracrasse oserait s'en prendre à la Vipère ? Il y en a qui n'ont pas froid aux yeux ... à moins qu'ils soient simplement inconscients ? Et bien, vas-y ? Qu'attends-tu ? la provoqua Charlotte.

Et après qu'on ne vienne pas dire que c'est la Verte et Argent qui avait jeté le sort en premier. Chose qu'elle ne faisait jamais, d'ailleurs ou si rarement. Comme cela, ce n'était jamais de sa faute ^^

Intéressée par le lac ? En fait, Maureen ne l'était pas vraiment. Il la fascinait, certes, mais elle n'y était pas très intéressée... Pas en ce moment-même en tout cas ! La jeune fille savoura la caresse brusque et fraîche du vent sur son visage ruisselant de pluie. Elle avait de l'eau partout et elle avait un peu froid mais elle ne frissonna pas. Non, en fait, elle était assez en colère pour ne pas trembler, même si elle savait que son corps, lui, ferait ressentir dans quelques heures qu'il ne fallait pas le laisser trop longtemps dehors. Mais elle s'en moquait. Elle avait déjà attrapé pire qu'un petit rhum de rien du tout ! Sa frange lui descendait jusque dans les yeux. Elle dégagea quelques mèches sur le côté tout en les essorant un peu, même si ça ne servait à rien du tout puisque la pluie tombait dru. C'était le temps parfait pour chasser les grenouilles ! La Serdy sourit à cette pensée qui n'avait rien à voir dans sa tête au moment présent. Qu'est-ce qu'elle pouvait être distraite parfois ! Elle écouta la réponse de Charlotte. Elle n'allait certainement pas sortir en premier sa baguette ! Elle était certes dans un beau pétrin avec son entêtement mais n'était pas si inconsciente que le prétendait son adversaire. Non, en fait, elle préférait que l'autre face le premier pas et elle savait que toutes les deux attendaient que l'autre fasse le premier geste, un geste qui conduira certainement à une petite baignade pour l'une des deux. Oui, parce que c'était certainement comme ça que cette histoire allait finir. Et tout ça pour quoi ? Pour un simple regard. Qu'est-ce que les Serpentards pouvaient s'enflammer pour un petit rien, à croire qu'il cherchent sans arrêt la bagarre !

- Tu serais trop fière de me voir sortir ma baguette.

Oui, parce que, c'est ce qu'elle attend. Maureen en était certaine. Mais elle n'allait pas lui faire ce plaisir, ça non. Elle finira peut-être dans le lac mais elle ne lancera pas un sort en première.

Encore une fois, la Serdaigle ne put s'empêcher de troubler le silence. Charlotte allait lui rétorquer quelques chose quand elle n'en eut pas l'occasion.
Tout à coup sans prévenir, la pluie arrêta de tomber. Quelques secondes encore auparavant, les gouttes ne cessaient de tomber, drues et froides et l'instant d'après plus rien. A croire que les nuages n'avaient plus un pleurs à déverser sur Poudlard et ses environs. Charlotte leva les yeux vers le ciel, comme étonnée par cette soudaine accalmie. Le ciel était toujours dévoré par de lourdes nuées grises et sombres qui laissaient penser que cette accalmie serait de courte durée. La Verte et Argent passa sa main sur son visage pour en chasser les gouttes de pluie qui s'y étaient agglutinée. Puis elle daigna enfin se rendre compte que Maureen était toujours là. Elle tourna lentement la tête vers elle, le regard noir et hautain.

- Fière ? Dis-tu ?

Charlotte secoua la tête.

- Du tout ... Bien au contraire. Je préférerai ne pas te voir sortir ta baguette ... Tu m'as l'air tellement douée avec que tu pourrais lancer des sorts sans même le vouloir ... Je n'ai pas envie de me prendre un sortilège dû à ta maladresse ...

La Serpentard allait répliquer encore autre chose quand un cri perçant l'interrompit. Un grand sourire naquit sur son visage. Elle leva les yeux au ciel et un point noir qui devenait de plus en plus gros se rapprochait d'elle à toute allure. Au dernier moment, l'oiseau car c'en était un, ralentit et vint se poser avec majesté sur le bras tendu de la sorcière. Charlotte plongea son regard dans celui ambré du hibou strié qui ulula doucement.

- Par Merlin, murmura-t-elle. Tu me parais d'humeur joyeuse aujourd'hui ... Que me vaut l'honneur de ta visite, Thotos ?

Charlotte approcha sa main et caressa le ventre de son hibou. Celui-ci se laissa faire, sans tenter un coup de bec aujourd'hui.

Maureen fulminait intérieurement. Elle savait très bien se servir de sa baguette ! Elle était d'ailleurs une des meilleures en Sortilèges et Enchantements ! Ce n'était pas pour rien qu'elle était à Serdaigle d'ailleurs. Et dès qu'elle échouait quelque part, elle réessayait jusqu'à réussir. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait des Optimal un peu partout à ses BUSES ! Certes, elle était plus jeune que la Serpy mais d'une année seulement ! Tout à coup, elle pensa que Charlotte connaissait certainement quelques sortilèges de Magie Noire puisqu'elle était dans la maison réputée pour pratiquer cette Magie. Elle frissonna d'horreur mais se reprit. La Magie Noire était formellement interdite à Poudlard et si un élève s'en sert il risque certainement l'expulsion ! Cela rassura la jeune fille. Tandis qu'elle débattait sur la question, la pluie avait cessé aussi vite qu'elle était apparue. La Serdaigle ne prit pas la peine d'essorer ses cheveux puisque, de toute façon, les gros nuages gris au dessus de sa tête menaçaient de la retrempée assez rapidement. Et puis, de toute façon, à part avec un sortilège, elle ne pouvait pas trop se sécher, ses habits étant aussi trempés qu'elle-même.
Après que la Serpy eut fini son discours, un affreux hibou se posa sur son bras. Il était plus gros que la moyenne et était d'un noir sombre. Les superstitieux auraient prétendus, elle en était sûre, que c'était le hibou du Mal en personne. Mais Maureen ne croyait pas en ces futilités et se contenta de regarder le rapace. Jamais elle n'en avait vu d'aussi gros et d'aussi sombres... Ou peut-être l'avait-elle entre-aperçu à la Volière. En tout cas, elle préférait de loin Wiki, qui était plus beau et qui faisait moins peur. Elle regarda la jeune fille qui servait de perchoir. Ils allaient bien ensemble : une beauté qui apeurait, mais une beauté quand même. Ils formaient un beau tableau tous les deux : le volatile aussi sombre que les cheveux de sa maitresse. Maureen regarda un instant la scène. Puis elle se souvint que la jeune fille l'avait insulté en disant qu'elle ne savait pas se servir de sa baguette.

- Je t'interdit de dire que je suis nulle en ce qui concerne la pratique de la Magie ! Je suis une des meilleurs élèves de mon année !

Elle ne fit aucun commentaire quant à la venue du hibou. Il était certes effrayant mais elle adorait les animaux et il faisait partie de cette catégorie.

Pour un peu, Charlotte en aurait presque oublié la présence désagréable de la Serdaigle. Elle n'avait d'yeux que pour son hibou et profitait qu'il soit de bonne humeur pour le caresser. Elle croisa le regard ambré du rapace et celui-ci ulula doucement. Ce petit cri arracha un sourire à Charlotte. La sorcière fouilla dans ses poches et en sortit une petite boîte qu'elle ouvrit. En voyant la boîte le hibou ulula de plus belle, il gonfla ses plumes, le faisant paraître bien plus gros qu'il n'était en réalité et se mit à bouger sa tête en rythme. Son regard perçant suivait le moindre mouvement de Charlotte qui ouvrait la boîte. Elle en ressortit un biscuit Miamhibou et le tendit à l'oiseau qui l'engloutit en une bouchée. Aussitôt, il réclama une nouvelle friandise. Charlotte lui redonna un biscuit et rangea la boîte au grand dam de Thotos qui, pour se venger, serrer avec force ses serres autour du bras de la sorcière.

- Hey ! protesta-t-elle.

Le hibou n'en avait que faire des protestations de Charlotte. Avec un certain dédain, il tourna la tête, ignorant la Serpentard, puis s'envola. Il n'alla pas trop loin, il se posa simplement sur la branche, au-dessus de la Verte et Argent.

Cette dernière l'observa un instant et secoua la tête en soupirant. Cet oiseau de malheur était vraiment incorrigible.

Maureen en profita pour se rappeler à leur bon souvenir. Et Charlotte éclata de rire.

- Toi la meilleure ? Vraiment ? Laisse-moi en douter. Je connais des Sixièmes Années auxquels tu n'arrives même pas à la cheville ... Alors redescends un peu sur terre !

Pourquoi Maureen s'était-elle embarquée dans cette discution ? Elle n'en savait trop rien. Enfin, si, elle se souvenait de faire le tour du Parc et de s'être retrouvé aux bords du Lac Noir à côté de cette Vipère. Elle l'avait trouvé belle et était restée plantée là, comme une cruche, et pas comme un Véracrasse. Où avait-elle entendu dire que les Véracrasses étaient immobiles d'ailleurs ? Certainement pas dans les cours de Soins aux Créatures Magiques ! Bon, en tout cas, d'être restée à regarder la Serpy, ce n'était pas une très bonne idée. Non, parce que, maintenant, elle se retrouvait coincée. Oui, parce que c'est soit elle s'enfuyait et passait pour une lâche, soit elle sortait sa baguette et si il arrive quoi que se soit, ça sera de sa faute parce qu'elle a levé la baguette en première, ou alors elle continuait à lui parler. La troisième solution était certainement la meilleure mais la première était très tentante. Si elle était à Gryffondor, elle n'aurait sûrement pas hésité mais là... Elle était dans un sacré pétrin ! Et si battre en retraite était la meilleure solution ? Elle avait réfléchit à tout ça quand Charlotte prit la parole. Elle devait avoir les oreilles bouchées ! Elle n'avait jamais dit qu'elle était La meilleure mais l'une des meilleurs ! Elle soupira, désespérée. Les Serpentards n'entendaient que ce qu'ils voulaient aussi, c'était pas de sa faute, à elle !

- T'écoutes quand j'te parle ? Je me suis jamais prétendue être la meilleure de toute les sixième années mais l'une des meilleurs ! Je n'ai pas la prétention de me croire plus forte que les autres, comparée à d'autres ! J'ai les deux pieds sur Terre, ne t'en fait pas pour moi. Je ne fais que tirer des conclusions de mes notes.

Et puis, ce n'était pas pour rien qu'elle était à Serdaigle, nom d'un Crup !

Charlotte réprima difficilement un bâillement. Cette pseudo conversation commençait à la fatiguer sérieusement. Elle posa un regard las sur la Serdaigle

- Pour être totalement honnête, ton bavardage futile, je ne l'écoute que d'une oreille, concéda Charlotte exaspérée.Alors, non, je ne t'écoute pas vraiment quand tu parles ... Je n'en vois pas l'intérêt !

Charlotte fit un petit geste fatigué de la main, laissant ainsi paraître son ennui. Elle haussa finalement un sourcil puis reprit la parole.

- Ca, j'avais cru le remarquer que tu avais les deux pieds sur terre ... Ils sont tant et si bien sur terre que tu ne peux même plus décoller pour déguerpir d'ici et me laisser tranquille ...

Encore une fois, Charlotte avait parlé sur un ton très calme, pourtant, elle commençait à perdre patience de cette situation qui s'enlisait.

Maureen ne savait plus quoi dire de plus. Après tout, c'était elle en tort non ? Oui, certainement, alors pourquoi ne laissait-elle pas tomber ? Pourquoi ses jambes ne faisaient pas ce que sa tête leur commandait de faire ? Moui, elle devait se dépatouiller pour se sortir de là. Et la meilleure solution était de s'en aller d'ici. Oui, elle allait prendre la poudre d'escampette. Et elle allait éviter Mademoiselle Charlotte Kered-Ann pendant un bout de temps... Jusqu'à la fin de l'année si possible. Comme ça, elle ne la reverais plus jamais... même si elles participaient à certains cours ensemble. Bon, pour l'instant, le problème immédiat était de s'en aller. Oui, parce que même si le danger de se retrouver dans le fond du lac était de plus en plus présent vu la tête de la Serpy. Oui, c'était certain, comme si l'eau l'appelait. Oui, seulement, le problème d'être à Serdaigle, c'était que dans notre caractère, les petites fées ont oublié le courage... et Maureen était présentement morte de trouille. Non, en fait, le mot "pétrifiée" serait exacte. Bon, un pied devant l'autre, c'était pas si compliqué... si ?
De toute façon, ça servait à quoi de rester puisqu'elle parlait sans le vide ! A rien, certainement. C'était à cette pensée que toute tentative de discution lui paru vaine. C'était clair, ce pseudo échange de phrases plus ou moins sympathiques les unes des autres allait mal finir si elle restait là. Alors Maureen fit une chose qu'elle aurait dû faire depuis un certain temps déjà ; elle tourna les talons et se dirigea vers le château. De toute façon, elle était frigorifiée maintenant que la pluie avait cessé et que le vent se faisait plus agressif, et elle avait certainement des devoirs à faire... Une excuse comme une autre. De toute façon, qu'avait-elle à perdre ? Sa dignité ? Elle s'en moquait detoute façon. Un chocolat chaud l'attendait certainement au château et ça lui suffisait pour retrouver le courage de marcher. Elle n'oublia pas cependant de se retourner.

- Ah, et au fait Charlotte, il y a certains venins de serpents qui guérissent les maladies... Ils ne sont pas tous aussi dangereux qu'on le pense.

Oui, les Vipères par exemple... C'est fou comme ces reptiles, à l'apparence si cruelle et menaçante, peuvent s'avérer être tout à fait utiles si on sait comment s'y prendre. Malheureusement, Maureen n'était pas une dompteuse de serpent et elle n'avait pas trouvé en Charlotte de quoi guérir quoi que se soit. D'ailleurs, elle n'avait trouvé en elle rien de bon. Pourtant, elle était certaine qu'il y avait quelque chose de bien en cette jeune femme. Il suffisait de chercher. Ce n'était plus du ressort de la Serdaigle, ça non. Elle se contenterait de la regarder de loin, voir de ne plus la regarder tout court. Elle se souvint de ses paroles quelques instants plus tôt :" De plus, je préfère en être un qu'un sale serpent comme toi, à cracher son venin sur tout ce qui bouge." Elle avait dit ça méchament mais en fait ça ne l'était pas tant... Peu importe maintenant de toute façon. Elle allait quitter le Lac Noir et cette discution allait être derrière elle.

Charlotte avait détourné son regard de la Serdaigle, trouvant le spectacle dénué d'intérêt et ennuyeux. Elle avait les yeux posés sur le lac, dont les eaux sombres s'étaient mises à miroiter doucement sous un timide rayon de soleil qui avait percé la nasse nuageuse.
Soudain, un ululement se fit entendre. La Verte et Argent leva les yeux vers son hibou puis tourna la tête pour voir ce qu'il observait.
Par Merlin ! Ce n'était pas trop tôt : la véracrasse semblait enfin avoir compris. Elle était enfin sortie de son immobilité et commençait à repartir vers le château.
Thotos voyant l'intruse partir descendit de son perchoir et vint se poser sur une grosse racine juste à côté de Charlotte.
La sorcière s'était désintéressée de Maureen, s'occupant simplement de son hibou. Pourtant, elle fut vite dérangée : la Serdaigle n'avait pas pu s'empêcher de se retourner pour parler une nouvelle fois - Charlotte espérait bien que ce serait la dernière fois d'ailleurs !
La Verte et Argent secoua la tête.

- Je vois que Miss Veracrasse ne peut s'empêcher une nouvelle fois de briser le silence pour jouer à l'encyclopédie vivante ...grogna Charlotte.

Puis elle ne se préoccupa pas plus de la Serdaigle. Elle joua un bon moment avec Thotos et quand la pluie refit son apparition, Charlotte décida de retourner au château. Escortée par son hibou, elle regagna l'intérieur de Poudlard.

TERMINE

» Maureen Callaghan
» Test by Maureen
» Le temps d'une chanson...[ pv Maureen ]
» Et dire que je vais t'engrosser...Fictivement...[pv Maureen]