«Toi aussi tu es coincée ici ?» [Terminé]

Il était presque 22h ce mardi-là et Poudlard était agité par les pas des élèves qui se retrouvaient dans les couloirs ou papotaient simplement entre deux armures. Certains se préparaient pour aller en cours d'astronomie. Maureen n'avait jamais vraiment prêté attention à cette matière qu'elle jugeait inutile, tout comme la divination. Et puis, elle ne voyait pas à quoi lui servirait de savoir différencier les étoiles : elle se contentait de les regarder du haut de la volière le soir venu, une écharpe bleu et argent enroulé autour de son cou comme un boa, emmitouflée dans une cape double-épaisseur. Elle le faisait pratiquement tous les soirs. C'était son petit rituel avant d'aller dans son dortoir. Elle écoutait chaque bruit au dehors, les discutions de quelques élèves chuchotant au dehors, pour ne pas qu'on les entende... Elle essayait aussi d'entendre les cris des animaux qui peuplent la Forêt interdite. Parfois, elle entendait un loup, au loin, ou des bruits qu'elle ne reconnaissait pas. Elle aimait ce contact avec l'air frais, même si en ce moment il était plutôt glacé.
Elle était donc dans la Volière, cet endroit qu'elle adorait pour y nourrir son hibou, Wiki. C'était une des seules choses qui la reliait encore avec sa famille, famille qu'elle n'avait pas revue depuis la rentrée. Son père, sorcier, et son frère tout aussi moldu que sa mère lui manquait. Elle n'aimait pas l'idée qu'ils ne reçoivent pas de ses nouvelles, ni d'avoir passé les fêtes sans eux. Heureusement, elle peut recevoir des lettres mais les hiboux restent prisonniers de la bulle qui encercle Poudlard. Maureen se demandait comment le directeur allait faire pour éviter que le château ne soit envahis par les rapaces. D'autant plus que, certes, ce sont des créatures très sympathiques, mais elles font beaucoup de dégâts avec leurs plumes et leurs excréments. Elle espérant seulement ne pas se retrouver, un jour, avec au menu "côte de Hibou". Ce jour-là, c'est sur, elle fait grève de la faim ! En ce moment même en tout cas, elle ne se préoccupait pas de ça et regardait juste le ciel. Il avait des nuages épais qui cachaient les étoiles, ce qui rendait l'observation moins nette. Elle se demanda si le cours d'Astronomie était maintenu...
La jeune fille resta environ une demi-heure ici, appuyée sur le rebord de la fenêtre en pierre. Elle sentit un bec lui picorer le bras. Elle regarda et trouva une petite chouette rousse qui la regardait de ses grands yeux. Maureen passa sa main gantée sur le plumage de l'oiseau et lui sourie.

- Toi aussi tu es coincée ici ?

La chouette hulula, comme si elle voulait répondre puis se dégagea de la caresse de l'adolescente pour prendre son envol et disparaître dans la nuit. Elle attendit quelques minutes de plus puis, au moment où elle se disait qu'il était tard et qu'il fallait qu'elle rentre dans son dortoir lorsque les volatiles la firent sursauté en s'envolant tous en même temps à l'approche de quelqu'un...

Être seule ! Voila ce qu'aimait Sarah. Depuis la révélation de Stacy, elle ne savait plus quoi penser. Pourquoi ce mystère, pourquoi ce secret ? Même si chacune d'elles avaient son jardin secret, ce genre de chose se disait entre amies. Pourquoi l'avait elle cacher. En plus pour en avoir honte après. Ce truc a du la ronger de l'intérieur. Pourquoi n'avait elle rien dit. Ce n'était pas comme si Sarah allait l'abandonnée. Elle avait plus envie de casser la figure à ce mec. C'était peut être pour ça. Pour le protéger de la fureur de Sarah. Mais pourquoi le protéger ? Parce qu'elle l'aimait ? Foutaise ! Encore une preuve que l'amour était aveugle et nous faisait faire n'importe quoi. Et encore une fois, le mec en question a pensé avec son sexe. Après cela comment voulait on que Sarah sorte avec quelqu'un ! Cette histoire venait encore une fois démontrer l'imbécilité des mec, l'imbécilité du sentiment amoureux et l'inutilité des deux. Et comme Sarah fuyait tout ce qui respirait la bêtises, ses chances de devenir veille fille se concrétisaient. Et pourtant c'était pas faute d'y avoir penser, surtout quand Stacy sortait encore avec Théo.
Ah tout cette histoire lui faisait repenser à l'autre connard de serpentard ! Jamais quelqu'un l'avait mis dans une colère aussi noir. Il fallait qu'elle se calme. La journée avait été longue et même le cours de botanique ne l'avait pas apaisée. Et quand elle était fatiguée, toutes ses pensées se mélangeaient, impossible de dormir.
C'était pour cela qu'après le diner, au lieu de rester dans son dortoir, elle déambulait dans les couloirs à la recherche de calme, seule. La solitude ne l'a dérangeait pas, elle l'apaisait plutôt. Pas d'interférence, pas de bruits parasites. Juste elle et le silence. Solitude amie, qui ne jugeait pas, qui aidait à trouver des réponses, qui laissait tranquille. Sarah sentit sa tête se vider et ses pas l'emmenèrent mécaniquement à la volière.
La volière, lui de prédilection pour Stacy et leur rendez vous semi-secret. Ou toutes les choses dites restaient entre Stacy, Sarah et les hiboux. Elle risquait de voir personne à cette heure-ci. Pour son plus grand bonheur. Enfin c'était ce qu'elle se disait avant d'ouvrir la porte et de voir une personne, une fille, une serdaigle d'après l'écharpe qui était éclairé par le rayon de la lune.
Son entrée fut évidemment remarquée par l'envol des volatiles et le sursaut de l'autre personne. Au moins Sarah n'était pas la seule à faire des sauts de cabrit quand on la surprenait. Un peu gênée, elle baragouina une excuse comme à l'accoutumée, éducation japonaise oblige.

Bon...Bonsoir. Je... je suis désolée. Je croyait qu'il n'y avait personne. Je ... je voulais pas te faire peur. Je m'ex... Excuse moi.

Tête légèrement baissée, elle n'osait lever les jeux, de peur d'y voir la colère de la jeune fille.

Maureen se retourna et vit... une ombre. La pièce n'était éclairée que de la Lune et donc la lumière ne pénétrait pas trop dans le Volière. En plus, elle se trouvait devant l'une des seules ouvertures vers l'extérieur, ce qui n'arrangeait pas sa vision. Elle décida donc de se décaller d'un pas pour voir l'élève qui venait d'entrer lorsque la personne parla pour s'excuser. Elle avait l'air d'hésiter et cela rappella à Maureen ses propres paroles hésitantes lorsqu'elle parlait à un inconnu. Lorsqu'elle vit que la nouvelle venue baissait la tête, cela amusa la sixième année : c'était son miroir qu'elle avait en face d'elle ! Elle se décala donc comme elle avait l'intention de faire avant que la fille prenne la parole et un rayon blanc atteignit son visage baissé. La Serdaigle reconnu vaguement une jeune fille de sa maison : elle l'avait sûrement déjà croisé dans la salle commune ou dans les couloirs... En tout cas, il était sûr qu'elle n'était pas de la même année qu'elle puisqu'elle ne la voyait pas en cours et ne l'avait jamais vu dans la même classe qu'elle. Cependant, elle ne pouvait pas prévoir exactement son année. Elle était certainement plus jeune qu'elle d'un ou deux ans. Elle continua de l'observer un temps et se rendit compte qu'elle ne lui avait pas encore répondu. Alors elle prit la parole.

- Salut ! Euh... C'est pas grave... Je... Tu peux rester si... si tu veux !

Maureen maudissa sa timidité. Depuis sa première année, ça l'avait empêché de se faire des amis, de participer en cours, même si c'est une très bonne élève. La moindre phrase qu'elle prononçait était incertaine et ça avait le don d'énerver la jeune fille. Elle guetta la réaction de la fille en face d'elle.

Sarah releva la tête et sourit à sa condisciple. Elle devait être aussi gênée qu'elle, vu son ton bredouillant. La situation était embarrassante pour les deux. Le couvre-feu ne devrait pas tarder et leur présence dans la volière frôlait l'illégalité. A ce niveau là, Sarah n'était pas vraiment une élève sérieuse. Comme elle ne s'entendait pas très bien avec ses camarades de dortoir, sortir s'était révéler une bonne idée pour les éviter mais cela comportait le risque de se faire prendre. D'ailleurs elle essayait de ne pas trop rentrée tard. Enfin là c'était loupé.
La jeune fille qui lui faisait face ne faisait pas partie de son année mais elle aurait parié qu'elle était dans la même année que Stacy. Elle avait surement vue la sortie d'un cours de sa meilleure amie. Par contre elle ne su dire son nom. Se rappelant les bonnes manières, Sarah décida à répondre :

Oh je veux pas te déranger.

Puis se souvenant des bonnes manières, elle se présenta :

Je m'appelle Sarah Young, je suis aussi à Serdaigle, en 5ème année. Je...

Mais elle se tut. Si ça se trouvait, l'autre s'en fichait d'elle et elle foutait royalement de son nom.

Quelle heure était-il ? Maureen n'en savait rien mais était sûre que Minuit n'était pas encore passée car le cour d'Astronomie n'était pas encore terminé. Il devait être 23h30, par là, et il ne restait plus beaucoup de temps avant que la présence des jeunes filles dans la Volière soit une transgression au règlement du château. Si les deux jeunes filles restaient plus longtemps, elles n'auraient plus qu'à croiser les doigts pour ne pas croiser Rusard ! Et ce n'était pas vraiment le genre de Maureen de manquer aux règles. Elle pensa que Sarah, car c'est ainsi qu'elle s'appellait, n'était pas différente d'elle puisqu'elles étaient toutes les deux dans une des maison de Poudlard les plus sage, voir la plus sage ! En tout cas, les paroles de la jeune fille la fit sourire. La déranger ? Pas le moins du monde !

- Il y assez de place dans la Volière pour nous deux tu sais... Et puis.... tu ne me déranges pas.

Maureen apprit ensuite que la jeune fille en face d'elle s'appelait Sarah et qu'elle était en 5ème année. Alors la sixième année n'avait pas tort : elle était plus jeune. Elle attendit la suite de la phrase de la Serdaigle mais la fin ne vint pas... Peut-être que c'était parce qu'elle voulait que Maureen se présente !

- Moi c'est Maureen Callaghan... Je suis en sixième année. Tu disais ?

Parce que, même si Maureen était timide, elle était aussi curieuse et voulait savoir ce que Sarah voulait dire avant de s'interrompre. Elle aimait écouter les autres, savoir ce qu'ils pensent, et elle respectaient leurs paroles. D'ailleurs, elle prenait souvent en compte l'avis des autres sur ce qui l'entoure. L'opinion des personnes qui lui parlent est très important pour elle. Au contraire, elle, détestait parler, surtout en public ! Alors elle attendit la réponse de Sarah.

La présence de Maureen était rassurante. C'était d'ailleurs assez étrange. Sarah ne la connaissait par vraiment et pourtant elle se sentait à l'aise avec elle, une fois la gêne de l'entrée passée. En fait dès qu'une personne se montrait un peu gentille avec elle, Sarah se sentait en confiance. Les brimades de son enfance ont fait que son cœur se réchauffait instantanément au contact de la moindre attention bienveillante ou à la moindre gentillesse. Et là l'ambiance calme de la volière, la surveillance discrète des hiboux, l'attitude accueillante de Maureen... Sarah avait l'impression d'être en terrain connu. Peut être que le fait que Maureen soit de la même année que Stacy, que justement elle sentait un trouble chez sa meilleure amie qui la dérangeait, ces facteurs pouvait expliquer cette étrange alchimie.
Sarah s'avança et se plaça elle aussi près de la fenêtre et vit ainsi mieux l'autre jeune fille. Un peu plus grande qu'elle guère plus grosse avec de beaux cheveux châtains qui tombait sur ses épaules, légèrement ondulés. Dans ses yeux bleu se reflétait la lune naissante. Une fois installé, elle répondit à la question de la sixième année :

Oh non c'est juste que des fois je ne peux pas m'empêcher de parler sans m'arrêter et je peux juste saouler les gens. Je voulais en faite dire que s'appréciait la solitude et le calme de la volière. Non pas que je veux que tu t'en aille mais je vois que toi aussi tu dois aimer le calme. Il faut dire qu'avec le temps tout le monde reste à l'intérieur et la salle commune est bondée, et même la bibliothèque devient trop bruyante. C'est rare de trouver un coin tranquille et oh voila que je me remet à parler sans arrêt fais moi taire, je ne voudrais pas t'ennuyer.

Le gros problème de Sarah ! D'abord une timidité qui pourrait être ennuyeuse et après le moulin à parole. La timide bavarde comme disait Stacy. Et évidemment cela énervait certaine personne au tout du moins les bardait. Qui y a t-il de plus ennuyant que le babillage verbale d'une petite cinquième année de Serdaigle ?!

Sarah s'était approchée de Maureen, juste devant la fenêtre. Ainsi, la sixième année pouvait voir parfaitement le visage de celle-ci. C'était une jeune asiatique, plus petite qu'elle, qui avait une allure androgyne. Cette impression était encore plus accentuée par le fait que les cheveux courts de la jeune fille étaient désordonnés, comme négligés. Et peut-être l'étaient-ils. En tout cas, cela n'enlevait en rien le charme du visage de la jeune fille. La blancheur de la peau de l'asiatique était accentuée par le rayon pâle de la Lune. Ses yeux bridés de couleur noisette étaient francs et engageaient à la conversation, conversation que la jeune fille fut enchantée de continuer.
Enfin Maureen connaissait la suite de la phrase de son interlocutrice, et cela l'amusait beaucoup. D'ailleurs, elle ne put retenir un petit rire bref. Depuis quand n'avait-elle pas rit ? C'était impossible à savoir. En tout cas, cela faisait un bien fou. Elle se sentait bien près de Sarah, à l'entendre parler. Elle qui avait l'air si timide et gênée lorsqu'elle était entrée, elle avait déliée sa langue pour le plus grand bonheur de Maureen. Parce que, non, elle n'était pas très bavarde, elle. Pourtant, elle lui répondit franchement, sans vouloir mentir. De toute façon, Maureen n'était pas le genre de personne à faire des mensonges.

- Ca ne me dérange pas du tout de t'entendre parler et tu es loin de m'ennuyer ! Et oui, j'aime la solitude, j'aime le calme mais j'aime aussi la chaleure de la salle commune même si parfois je suis au bord du mal de crâne avec tout ce chahut.

Sur ce point, elole ressemblait étrangement à sa camarade de maison. Pourtant, elle ne voulait pas qu'elle s'en aille, pour mieux la connaitre. Malheureusement, la nuit était bien avancée et le couvre-feu était proche. Dès que la salle d'Astronomie sortira de cours, les deux Serdaigle devront rejoindre leur dortoir pour ne pas être surprises par Rusard ou un Préfet. Maureen voulait que le temps passe plus lentement, même si elle sait qu'elle ne sera pas sans revoir Sarah. Après tout, elles étaient dans la même maison et, même déjà sans se connaitre, elles s'étaient sûrement croisées dans les couloirs ou dans la salle commune.

Après son babillage habituelle, Sarah était un peu gênée. Enfin un peu, ses joues avaient toujours les teintes roses depuis qu'elle était entrée dans la volière. Mais la réponse de Maureen évita qu'elle ne s'inquiète trop. Elle en sourit même. C'était fou comme parfois ses rencontres se passaient bien. Elle, la solitaire, la sans ami, trouvait des gens un peu comme, qui aiment être seuls, qui ne sont pas doué dans les relations humaines, qui préfèrent le calme à l'agitation. Bon évidemment cela ne se passait pas toujours comme ça. Des cons, il y en avait partout, même dans cette école. Et pourtant c'était pas faute de les fuir mais cela arrivait à Sarah d'en rencontrer un et forcément ça finissait mal. Rien qu'avec ce con de serpentard... Brr rien que d'y penser... Mais ce soir, Sarah était avec une personne qui semblait intelligente alors autant oublié l'autre.
Le silence s'installait doucement. Elle profita de ce petit moment pour apprécier la douceur du soir. On profitait rarement du silence. Pourtant il est d'or. Et si rare. Il permettait de s'y retrouver dans ses pensées, de se reposer l'esprit ou d'optimiser la concentration. La cinquième année regarda par la fenêtre. Les étoiles scintillaient clairement pour une fois, sans un nuage pour les masquer. La lune, reine de la nuit, régnait sur ce monde cosmique et irradiait la volière de sa lumière balafre.
Ne voulant paraitre impolie, Sarah se retourna vers sa camarade et essayait d'engager la conversation.

Le temps ne permet guère de se défouler dehors. Alors l'excitation à l'intérieur s'en fait ressentir. Vivement le retour du beau pour que l'on soit tranquille. Même si des fois on a trop chaud on peut toujours trouver un coin tranquille dans le château. Et entre ses murs il ne fais pas si chaud.

C'était certes banal mais le temps était toujours le sujet de conversation que l'on sortait quand on avait rien d'autres à se dire.

Maureen avait sentit que Sarah s'était détendue lorsqu'elle avait appris qu'elle n'était pas la seule à aimer le calme et la solitude. En effet, ce n'était pas très courant au château. La plupart des élèves aimaient le contraire. Être entre amis, tout le temps... et bavarder, inlassablement. Ils n'en avaient donc jamais marre ? Et qu'avaient-ils de si intéressant à dire pour parler toute la journée ? Le flot de paroles qu'ils débitaient était incessant, du moment où ils se lèvent jusqu'à ce qu'ils se couchent. Mais le Serdaigle n'était pas comme eux. Au contraire, elle aimait quand tout était calme, comme cette nuit. Elle regarda le visage de la cinquième année qui était éclairée par l'astre gigantesque qu'était la Lune, cet œil immense. Elle émettait un rayon lumineux qui les éclairait toutes les deux. C'était un joli spectacle en effet. Sarah brisa le silence de sa voix de plus en plus assurée. Elle lui parla du temps actuel, la principale raison qui fait les élèves restent à l'intérieur. Oui, les gens n'aiment pas la pluie... sauf Maureen. Non, la serdaigle, elle, adorait se promener au grand air, sentir les gouttes de pluie sur sa peau et couler le long de ses joues, mouillant ses cheveux et collant ses vêtements contre son corps. C'étaient des moments exquis qu'elle aimait par le fait qu'elle était seule et qu'elle n'entendait plus rien hormis le clapotis de l'eau dans les flaques et les branchages des arbres qui se ballottaient au gré du vent. Peut-être ne devait-elle pas parler à Sarah de cette engouement pour les saisons froides. Elle la prendrait certainement pour une folle et s'en irait. Non, Maureen décida de changer de sujet mais elle ne sut pas de quoi parler. Les deux jeunes filles se connaissaient à peine et Maureen ne savait pas de quoi aimerait parler son interlocutrice. Puis vint à elle une idée de sujet. Elle ne l'affectionnait pas particulièrement, certes, mais tout le monde en parlait dans les couloirs ces temps-ci et peut-être que Sarah n'échappait pas à la règle. Après tout, elle était sûrement la seule à ne pas vouloir y aller, à ce bal de Saint Valentin. C'était toujours mieux que de parler de la pluie et du beau temps, non ? Alors elle se lança.

- Et sinon tu... tu vas au bal de Saint Valentin toi ?

Elle n'aimait pas entendre ce mot : bal. Surtout quand il provenait de sa propre bouche. Elle aimait encore moins évoquer la Saint Valentin, fête des amoureux. Amoureuse ? Elle ne l'était pas, jugeant ce sentiment si futile et sans grande importance. A quoi cela servait-il d'aimer à son âge ? Et puis, elle voyait souvent les catastrophes que semaient ce sentiment atroce. Entre les filles qui pleuraient et les garçons qui n'attendaient qu'une chose : briser un nouveau coeur. Ce n'était pas un très joli tableau qui se peignait devant les yeux de Maureen et elle préférait ne pas y penser trop. Elle ne croyait pas au Prince Charmant dont rêve toutes les filles. Non, elle, elle a été bien trop déçue des garçons étant plus jeune... Et son talent pour les relations humaines ne lui permettaient pas d'approcher un garçon, quel qu'il soit. Peut-être était-ce mieux ainsi d'ailleurs. En tout cas, à cette soirée pour niais, elle n'irait certainement pas. Elle se couchera tôt, toute seule, ou lira un bon livre dans la salle commune, seule.

Sarah était vraiment contente. Non seulement Maureen ne lui faisait aucune remarque sur ses diarrhées verbales mais en plus elle avait l’impression que si elle ne disait rien cela ne la dérangeait pas. Donc elle n’était pas obligée de parler et obligatoirement de saouler l’autre personne. Le silence après sa petite analyse sur l’influence du temps sur les comportements des élèves montrait bien que la nécessité de parler pour combler le vide de relation n’avait pas lieu d’être. La cinquième année préféra lever la tête et observer les hiboux et les chouettes éveillés qui tentaient de se dégourdir les ailes malgré le dôme pesant qui enfermait chacun dans le château, y compris les volatiles.
Cette situation commençait à peser sur elle. Même si son père était un moldu, elle aimait lui donner quelques nouvelles de tant en tant, et ceux malgré le coté absurde de recevoir son courrier par hiboux pour sa famille. Le plus dur fut lors des vacances de Noël. Ne pas les passer en famille, surtout après la tragédie de l’été dernier fut très dur à supporter. Alors se réjouir et s’amuser à ces bals stupides, très peu pour elle. Elle avait préféré s’enfermer dans sa chambre et lire de tout son soul.
En parlant de bal, Maureen évoqua celui de la St Valentin. Alors déjà que ceux de Noël ne l’avaient guère enchanté, celui-là encore moins. Fêter les amoureux, quelle connerie ! Cette fête n’était que marketing et ne servait qu’à inciter les gens à acheter des fleurs et des chocolats. Ça, on pouvait le faire n’importe quand dans l’année. Depuis cette lubie, elle avait la date du 14 février en horreur et toutes démonstrations d’affection et d’amour, que ce soit des fleurs, des chocolats dans une boites en forme de cœur, des angelots, des lutins chanteurs, lui filaient des boutons. Et puis de toute façon qui disait bal, disait cavalier et Sarah n’avait aucunement envie de se retrouver avec quelqu’un qui voudrait lui marcher sur les pieds. Si tant était que quelqu’un soit assez stupide de l’inviter.
Mais bon, si elle disait ça comme ça à Maureen, elle allait peut être mal le prendre. Si elle avait parlé du bal, c’était bien qu’elle s’y intéressait un peu. Elle parla en modérant son propos enfin, elle essaya :

Ah, le bal… Non je comptais rester dans la salle commune puisque je sais que personne ne m’y invitera… Et c’est pas comme si je voulais y aller de toute façon

Elle ajouta sa dernière phrase en bredouillant un peu dans sa barbe. Comme ça Maureen pourra blablater à sa guise sur ce bal, si cela lui faisait plaisir et sans être gênée par sa présence.

Alors comme ça, Sarah non plus n'y allait pas ? Tout à coup, Maureen se sentit soulagée d'un poids. Elle n'était donc pas la seule à ne pas assister à cette fête stupide ? Elle fit un grand sourire à la jeune fille.

- Moi non plus je n'y vais pas.

Mais elle, ce n'était pas parce qu'elle n'avait pas de cavalier mais réellement parce qu'elle n'aimait pas cette fête ! Ou peut-être que... Il y avait certainement une autre raison qui la poussait à ne pas vouloir participer à ces festivités. La jalousie. Et même si la Serdaigle ne voulait pas se l'avouer, voir tous ces couples lui donnait sérieusement envie, à elle aussi, d'aimer et d'être aimée en retour. En attendant, elle se vengeait en maudissant tous les amoureux qui se bécotent dans le parc, au bord du lac, ou encore dans les couloirs ! Et elle disait à qui voulait bien l'entendre qu'elle s'en fichait, que de toute façon elle n'avait pas besoin d'un petit copain et qu'elle vivait très bien sans. Elle ne le disait pas souvent, puisque de toute façon elle ne parlait à personne, mais elle le répétait sans cesse à son grand frère et à ses parents, l'année dernière et avant que le dôme apparaisse. Elle se l'était tellement répétée qu'elle croyait maintenant à son mensonge... C'est tellement plus facile de se voiler la face ! En tout cas, elle était contente de ne pas être la seule à rester dans la salle commune, puisque c'était aussi son projet.

- Et de toute façon je n'en ai pas envie... Tout ce rose me donne envie de vomir.

C'est vrai quoi, pourquoi rose ? C'était la couleur des filles, des robes de poupées. S'en était presque écœurant.

(désolé pour mon retard)

Sarah espérait de tout cœur que Maureen n’allait pas avoir une diarrhée verbale concernant l’immonde chose qu’était ce bal et en parler comme si c’était le moment le plus important de la pitoyable vie amoureuse d’une adolescente dirigée par ses hormones.
Mais ses funeste prévisions fut semblable à celles d’un devin de seconde zone. Elle n’avait jamais été très douée en sciences occultes et les cours de divinations n’avait jamais été pour elle. Elle ne l’étudiait donc pas !
Et oui, Maureen n’allait pas non plus au bal. O joie immense ! O merveilleuse providence ! La cinquième année avait enfin trouvé quelqu’un qui préférait rester dans son lit plutôt que d’assister aux débordements de jeunes gens en fleurs qui n’avaient d’autres préoccupations que leurs histoires de cœur et d’autres choses pour certains. Sa camarades rajouta même que la couleur prédominante du bal lui donnait envie de régurgiter son dernier repas. Une telle coïncidence la troubla. Même Stacy l’avait plus ou moins trahie en tombant amoureuse d’un connard et surtout en lui mentant.
Le sourire de Sarah s’éveilla et illumina son visage. Elle pourra enfin se défouler à sa guise sur cette abjecte mascarade et être écouter par un auditoire conquis.

Mais moi non plus j’en ai pas envie ! Rien que d’y penser ça me débéquète. Ce rose, cette mièvrerie, cette niaiserie, ce mauvais goût… Beurk ! J’ai la St Valentin en horreur ! Comment une telle célébration peut elle exister !? C’est le jour le plus tragique que je connaisse. Et le bal… J’ose même pas en parler !

Ca faisait vraiment du bien de pouvoir exprimer le fonds de sa pensée. Elle se sentit soulagée.

Maureen ne s'attendait pas à tant de rancœur mais en fut toute joyeuse. Elle ressentait exactement la même chose que Sarah envers le bal de la Saint Valentin !! Enfin elle avait trouvé quelqu'un qui, tout comme elle, déteste cette fête, ce rose, cette mièvrerie. C'était d'un ridicule ! Les filles se déguisant en Princesses rien que pour plaire à des garçons habillés comme des pingouins, c'était quelque peu idiot. Et puis, d'accord, les amoureux ont droit de se montrer leur amour mais est-ce qu'il y a besoin d'un jour précis pour ça ?

- Je vois pas pourquoi en faire un tel remue-ménage ! Ce n'est qu'une soirée comme les autres après tout ! Qu'est-ce qu'ils ont de si exceptionnels, ces pseudos amoureux ? Quelques jours après, les filles vont venir pleurer dans les bras de leur copine parce que leurs cavaliers ont autre chose à faire ! Y'a pas d'intérêt à danser toute la nuit en plus !

Maureen avait un peu pris confiance en elle en présence de la jeune fille. Même si elle n'en pipa mot, la jeune fille était pourtant un peu jalouse de ces filles qui ont trouvé, soi disant, le grand amour. Pourtant, elle revoit à chaque fois tous ces couples qui se déchirent. Elle se doute que ses parents ne sont que des exceptions, des perles rares. Leur amour a survécut à tellement de choses qu'il ne peut être que très fort, ce lien. Mais dès son plus jeune âge, Maureen a eut vite horreur de la gent masculine et de ses airs supérieurs. Et puis, alors qu'elle grandissait, elle entendait toutes ces histoires de viols à la télé, cet appareil moldu qui aurait révolutionné le monde des sorciers. Les garçons étaient maintenant classés dans la catégorie danger du coin de cerveau de la Serdaigle. Elle faisait d'ailleurs tout pour les éviter et y parvenait très bien jusqu'alors.
En tout cas, elle fut contente de trouver quelqu'un qui partage son avis sur la question. La sixième année sentait qu'elle allait bien s'entendre avec sa camarade. Elle ne savait pas si c'était réciproque mais elle l'espérait au plus profond d'elle-même. Elle voulait apprendre à la connaitre, et peut-être devenir son amie... C'était la première fois qu'elle se sentait si bien avec quelqu'un, une certaine complicité de part leur avis sur le bal... Elle se revoyait seule et fuyant le regard des autres. Pourrait-elle sortir de ce cocon protecteur qu'elle avait battit au fil de ses cinq premières années ici ?
Soudain, elle eut une idée. C'était peut-être un peu trop demander à Sarah, après tout elle avait peut-être quelque chose d'autre à faire que de bavarder avec une sixième année légèrement barbante et timide à s'en rendre malade. Pourtant, si elle ne demandait pas, elle ne saurait jamais la réponse. Alors elle se lança avec un peu moin d'assurance que précédemment.

- Hum... Ca te dit qu'on... qu'on passe la soirée du bal de Saint Valentin toutes les deux ? On pourra... critiquer le bal, les couples, les garçons... Cupidon et tout le reste !

Ah toutes les filles n'étaient des bécasses qui gloussaient à chaque fois qu'on leur parlaient d'amour. Sarah en avait enfin la preuve. Même si Stacy avait pendant un temps partagé sa philosophie, la présence de Théo et de l'autre crétin était une preuve flagrante de trahison. Le mot était un peu fort mais elle en avait pas trouvé d'autre. Et là, enfin, une fille adhérait à sa vision des choses. C'était merveilleux ! Pour peu elle en aurait sauté à plafond. Mais la cinquième année voulait évité de passer pour une folle auprès de ce qu'elle espérait être sa nouvelle amie. En plus elle avait résumé parfaitement la situation. Pourquoi fêter quelque chose qui quelques jours plus tard ferait mal. Et puis comme ça, avec un peu de chance, la saint Valentin de Sarah ne se passera pas dans sa chambre à lire mais peut être avec quelqu'un qui dénigrerait lui aussi cette fête grotesque.
Maureen la devança en proposant d'elle même un pseudo rendez vous. C'était la plus belle proposition qu'on ne lui ai jamais faite. Elle en était toute excitée.

Oh ce serait avec joie. Pour une fois que je ne passera pas la soirée toute seule. Et imagine, la salle commune pour nous toute seule. Ça va être bien, pour une fois.

Soudain Sarah prit peur en ne sachant qu'elle heure il était. Le couvre feu était peut être déjà passé. Il était grand temps de retourner au dortoir avant de se faire prendre par Rusard ou Miss Teigne ou pire les deux. Elle en fit pas à sa camarade.

Euh c'est pas que je m'inquiète mais il serait peut être temps de rentrer. Si on veut pas se faire prendre par le concierge mieux vaut se dépêcher tu ne crois pas.

[désolé pour l'immense retard, mieux finir vite ce rp. Tu peux le finir à la prochaine réponse si tu veux]

Maureen était heureuse. C'était une bonne soirée... ou une bonne nuit ? Quelle heure était-il au juste ? Aïe aïe aïe... Elle n'entendait plus les élèves de la tour d'astronomie. Elle regarda Sarah qui accepta de passer la soirée de la Saint Valentin avec elle. Elle ajouta même que ça sera bien puisqu'elles auront la salle commune pour elles toute seules. Maureen se retint de prendre Sarah dans ses bras pour crier de joie et se contenta de faire un grand sourire. Oui, ça sera une soirée géniale ! Elle sortit de ses rêveries en voyant le visage de Sarah changer complètement d'expression. On aurait dit qu'elle avait peur. La raison était simple : le couvre-feu.
Alors elle aussi avait peur de se faire avoir ? Parce que, Maureen commençait à avoir un peu peur, elle aussi, de tomber sur Rusard. Il ne manquerait plus que ça ! Deux serdaigles qui trainent dans les couloirs au milieu de la nuit, ce n'était pas très habituel.

- Tu as raison, on devrait s'en aller. Et puis de toute façon on est dans la même maison donc on peut se parler quand on veut.

Maureen se dirigea vers les escaliers de la volière et constata qu'il n'y avait personne en bas. Elle souffla de soulagement et fit un signe à Sarah pour lui dire que la voie était libre. Elles descendirent toutes les deux jusqu'à leur salle commune sans faire de mauvaise rencontre et se dirent bonne nuit avant de regagner leur lit. La jeune fille avait passé une agréable soirée et s'était faite une amie... Enfin, elle espérait que c'était réciproque. Elle trouvait Sarah très gentille et elle était certaine qu'elles avaient toutes les deux des points communs. C'est avec la certitude que sa vie allait changer qu'elle s'endormit, comme toutes les jeunes filles du dortoir.

[La fin te convient ? ]

» Les eaux troubles aussi les coeurs [ pv Clarance ]
» Aussi Noire Qu'un Ciel Sans Etoile [James]
» Aussi Froid Qu'un Monde Sans Soleil [libre]